Radiographier systématiquement un nouveau patient, est-ce excessif?

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Une radiographie ne devrait jamais être une «procédure habituelle». Comme pour tout examen médical, il convient de prescrire une radiographie seulement après un examen clinique d’un patient et quand les antécédents médicaux, un signe clinique ou un symptôme révèlent une anomalie potentielle qu’on ne peut examiner autrement. Les résultats de l’examen radiographique sont censés influer sur le diagnostic et le traitement, et le patient peut s’attendre ainsi à obtenir des avantages de l’exposition au rayonnement qui, bien qu’elle soit minime, est considérée comme présentant des risques. Avec le grand nombre de technologies maintenant disponibles en radiologie buccale et maxillofaciale, la portée des examens radiographiques doit être en fonction de l’ampleur, de l’endroit, de la nature perçue et de l’accessibilité d’une anomalie. Dans certains cas, des radiographies dentaires ordinaires peuvent être indiquées, alors que dans d’autres cas des modalités plus avancées peuvent être nécessaires. Il n’y a pas de modalité d’imagerie à «taille unique» en dentisterie.

Les directives1 touchant la prescription de radiographies en dentisterie ont été publiées en 1991 à la suite de rencontres d’un comité de concertation convoquées quelques années auparavant par l’Administration des aliments et drogues des États-Unis. Ces directives ont été conçues à titre de mesures de protection visant à réduire les doses de rayonnement administrées aux patients sans réduire la qualité de leurs soins. En 2004, elles ont été revues par un nouveau comité de concertation réuni par l’Association dentaire américaine et le Ministère de la santé et des services humains (le Service de santé publique et l’Administration des aliments et drogues) des États-Unis. La publication2 qui a suivi comprend de nombreuses références fondées sur les faits qui appuient l’efficacité des directives en pratique clinique, mais avec quelques modifications mineures : à savoir l’utilisation de la radiographie pour les patients en rappel atteints de la maladie des gencives et l’utilisation de la radiographie panoramique.

Les directives indiquent 6 observations historiques positives et 22 signes cliniques ou symptômes positifs pouvant indiquer la nécessité d’une radiographie2. Il est important que les dentistes connaissent et comprennent ces 28 points et soient capables de les reconnaître chez leurs patients, de manière à pouvoir prescrire un bon choix de radiographies. En l’absence de tout signe clinique ou symptôme manifeste, l’utilisation de la radiographie comme «outil de dépistage» pour une maladie quiescente et la prise de «radiographies périodiques» à des intervalles prédéterminés (sauf les radiographies rétrocoronaires) sont des pratiques non fondées sur les faits en dentisterie.

L'AUTEUR

Le Dr Ernest Lam est professeur agrégé et directeur de radiologie buccale et maxillofaciale à la Faculté de médecine dentaire, Université de Toronto. Courriel : Ernest.Lam@denstistry.utoronto.ca

L’auteur n’a aucun intérêt financier déclaré.

Références

  1. Matteson SR, Joseph LP, Bottomley W, Finger HW, Frommer HH, Koch RW, et al. The report of the panel to develop radiographic selection criteria for dental patients. Gen Dent. 1991;39(4):264-70.
  2. American Dental Association Council on Scientific Affairs. The use of dental radiographs: update and recommendations. J Am Dent Assoc. 2006;137(9):1304-12. Disponible : jada.ada.org/cgi/content/full/137/9/1304 (accédé le 3 mai 2010).