L’importance de l’énergie lumineuse

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Dr Richard Price

En 2005, 116 millions de restaurations en résine ont été pratiquées aux États-Unis1. Bien que des données laissent croire que la durée de ces restaurations peut se comparer à celle de l'amalgame2, d'autres études montrent que les restaurations en résine ne durent pas aussi longtemps qu'on pourrait le souhaiter3-7. Selon une étude récente menée en Suède, les restaurations en résine ne durent en moyenne que 6 ans4, et une autre étude récente a révélé des taux de remplacement beaucoup plus élevés pour les restaurations en résine que pour celles en amalgame7. Quelle est alors la raison de cette durée de vie plus courte?

Le succès des restaurations en résine dépend de nombreux facteurs, notamment de la technique utilisée, du contrôle de l'humidité, de la contraction de polymérisation, de la résine utilisée, de la porosité de la résine et d'une polymérisation adéquate. L'utilisation d'une lampe à polymériser qui produit une énergie d'une intensité insuffisante ou d'une longueur d'onde inadéquate donne lieu à une polymérisation inadéquate8,9, et ceci a pour effet de modifier les propriétés physiques de la résine10-16, de réduire la résistance d'adhésion12,13,17, d'accroître l'usure et la fracture marginale14,15 et d'accroître la colonisation bactérienne18. Tous ces effets peuvent ensuite mener à la formation de caries secondaires, principale cause de l'échec des restaurations en résine. De plus, les résines polymérisées inadéquatement sont moins biocompatibles19-23.

Une étude récente portant sur de nouvelles lampes à polymériser a évalué la capacité de 20 professionnels dentaires d'exposer des restaurations simulées à l'énergie nécessaire24. Les résultats montrent que l'énergie fournie a varié considérablement d'un opérateur à l'autre, 27 % et 82 % d'entre eux ayant produit une énergie inférieure à 10 J/cm2, respectivement sur les restaurations de classe I et les restaurations postérieures de classe V. Donc, même en utilisant de nouvelles lampes à polymériser capables de produire l'énergie requise, la technique de l'opérateur fait souvent en sorte que la résine est exposée à une énergie utile insuffisante.

Quatre variables déterminent la durée d'utilisation nécessaire pour obtenir une polymérisation adéquate de la résine.

  1. Conception et condition de la lampe à polymériser. Les dentistes se fient à des radiomètres dentaires portatifs pour tester la puissance de sortie des lampes à polymériser, mais ces appareils sont imprécis et peu fiables25,26. Les dentistes ne disposent donc d'aucun moyen de savoir quelle intensité énergétique a véritablement été produite et ils doivent se fier aux temps de polymérisation recommandés par le fabricant. Cependant, bon nombre de ces recommandations varient en fonction de détails en «petits caractères» (p. ex., teinte, épaisseur de couche, distance entre la source lumineuse et la résine et puissance lumineuse), que le dentiste ne comprend pas toujours parfaitement. De plus, des rapports indiquent que la puissance de sortie des lampes à polymériser utilisées dans de nombreux cabinets dentaires est insuffisante; la polymérisation peut donc être inadéquate même si l'appareil est utilisé pendant la durée recommandée27-31.
  2. Technique utilisée par l'opérateur. Certains dentistes ne produisent que 20 % de l'énergie que d'autres obtiennent avec la même lampe à polymériser, au même endroit, parce qu'ils n'utilisent pas de verres de protection, qu'ils ne stabilisent pas la lampe dans un angle de 90° par rapport à la restauration et qu'ils ne prêtent pas attention durant la polymérisation24. Mais les dentistes ne peuvent augmenter le temps de polymérisation de façon arbitraire pour s'assurer d'obtenir une énergie suffisante, à cause des risques d'élévation de la température durant la photopolymérisation32-36. Les dentistes peuvent avoir une idée de cette élévation de la température en plaçant la lampe sur le revers de leur main pendant la durée recommandée en bouche.
  3. Type de restauration et emplacement. L'énergie produite par une lampe à polymériser pendant une durée d'utilisation égale varie considérablement selon l'emplacement de la restauration. Ainsi, l'énergie sera nettement moindre sur une restauration difficile d'accès que sur une restauration plus accessible24. De plus, si le temps de polymérisation est le même quelle que soit la couche de résine à traiter, la couche de résine au fond d'une boîte proximale de 6 mm de profondeur sera exposée à une énergie nettement moindre que la couche finale.
  4. Variation considérable des besoins énergétiques des résines. Selon la marque de résine et sa teinte, l'intensité énergétique requise peut varier de 6 J/cm2 à 36 J/cm2 pour assurer la polymérisation adéquate d'une couche de 2 mm d'épaisseur37.

Pour bien maîtriser ces 4 variables, les professionnels dentaires ont besoin de renseignements plus précis, plus exacts et plus cohérents sur l'énergie requise et l'énergie réellement produite. L'application de l'énergie nécessaire pour obtenir les propriétés annoncées par le fabricant de la résine devrait accroître la durée de vie de ces restaurations.

Richard B.T. Price, BDS, DDS, MS, PhD, FDS RCS (Edin), FRCD(C), est professeur au Département des sciences cliniques dentaires, Université Dalhousie, Halifax (Nouvelle-Écosse). Courriel : rbprice@dal.ca

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