L’ACMTS se penche sur le risque de cancer dû aux radiographies dentaires

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Selon une étude récente de l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé (ACMTS), il pourrait y avoir un lien entre les radiographies dentaires et certains types de cancer. L'étude de l'ACMTS souligne l'importance de peser les avantages des radiographies dentaires en regard du risque d'exposer le patient à des rayons X, qui peuvent avoir un effet cumulatif de sources multiples avec le temps. L'évaluation du risque, basée sur le principe ALARA (principe du niveau de risque le plus bas que l'on peut raisonnablement atteindre), doit assurer que les doses de rayonnement sont minimisées pour les patients tout en maximisant les données du diagnostic.

Bien que les doses de rayonnement des radiographies dentaires soient faibles et aient diminué au cours des années – grâce à l'utilisation d'émulsions de films plus rapides et plus sensibles, à des technologies plus récentes et à de meilleures mesures de protection contre le rayonnement (y compris l'utilisation de critères de sélection radiographiques fondés sur les faits) –, elles demeurent un point de préoccupation en santé publique en raison de la prévalence et de la fréquence des radiographies dentaires.

S'appuyant sur les données de 8 études cas-témoins pour évaluer l'importance du lien entre la fréquence d'exposition aux rayons X dentaires et des tumeurs au cerveau (5 rapports), le cancer de la thyroïde (1 rapport), le cancer du sein (1 rapport), ou le cancer des tissus conjonctifs chez un enfant (1 rapport), l'étude de l'ACMTS présente des éléments de preuve selon lesquels les rayons X dentaires peuvent accroître le risque de cancer. Cependant, étant donné les insuffisances des études qu'elle a utilisées, l'ACMTS admet que ses conclusions doivent être interprétées prudemment et ne constituent pas une preuve de causalité. Les insuffisances de l'étude comprennent :

  • Toutes les données sur la fréquence d'exposition aux rayons X provenant des décennies antérieures étaient déclarées par les intéressés; une seule étude vérifiait les antécédents d'exposition, tenant compte des dossiers dentaires, mais uniquement pour un sous-groupe de patients.
  • Le lien entre les rayons X et le cancer pourrait être considérablement surestimé si les patients ayant développé un cancer étaient vraisemblablement plus que des cas-témoins pour rappeler leurs antécédents touchant la fréquence d'exposition aux rayons X.
  • Chez les patients cancéreux, surtout ceux ayant des tumeurs au cerveau, la capacité à se rappeler avec précision leurs antécédents touchant la fréquence d'exposition aux rayons X peut avoir été amoindrie par la maladie ou le traitement de la maladie.
  • Pour les études portant sur la fréquence de différents types de radiographies dentaires, les patients peuvent avoir eu de la difficulté à les différencier (p. ex. les radiographies rétrocoronaires par opposition aux radiographies complètes).

Le Dr Ernest Lam, professeur agrégé et chef de la Radiologie buccale et maxillofaciale et des Sciences du diagnostic à la Faculté de médecine dentaire de l'Université de Toronto, ainsi que collaborateur à la rédaction du site Web du JADC, a cosigné, au nom de l'American Academy of Oral and Maxillofacial Radiology (AAOMR), une déclaration exprimant des réserves touchant les faiblesses méthodologiques dans l'une des études de cas comprises dans l'étude de l'ACMTS. Selon cette étude de cas1, il y a un lien entre les radiographies dentaires et un risque accru de cancer du cerveau. La déclaration de l'AAOMR relève les lacunes possibles de l'étude de cas : « Un nombre de problèmes dans la cueillette et la cohérence de données irréconciliables souligne les graves défauts de cette étude de cas et en rend les conclusions non valides. »

Étant donné les questions soulevées touchant la validité d'au moins une étude de cas comprise dans l'étude de l'ACMTS, que signifient les résultats de cette étude pour les dentistes? La ligne à suivre pour protéger les patients stipulée dans l'Énoncé de position de l'ADC sur le contrôle des rayons X en dentisterie indique que : « L'exposition du patient aux rayons X doit demeurer à un niveau aussi bas qu'il est raisonnablement possible d'atteindre, mais en même temps permettre un examen radiologique adéquat pouvant permettre de poser un diagnostic précis. » L'une des applications les plus importantes du principe ALARA en dentisterie est la prescription consciencieuse des radiographies dentaires; ces radiographies doivent être prescrites seulement après un examen clinique complet et être conformes aux directives fondées sur les faits2.

Références

  1. Claus EB, Calvocoressi L, Bondy ML, Shildkraut JM, Wiemels JL, Wrensch M. Dental x-rays and risk of meningioma. Cancer. 2012 Apr 10. Epub – version imprimée à paraître.
  2. American Dental Association and U.S. Department of Health and Human Services. The selection of patients for dental radiographic examinations. Revu en 2004. Disponible à : http://www.fda.gov/downloads/Radiation-EmittingProducts/RadiationEmittingProductsandProcedures/MedicalImaging/MedicalX-Rays/ucm116505.pdf