Comment prendre en charge une fracture du maxillaire inférieur durant une extraction?

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Fracture du maxillaire inférieur durant une extraction

  • Fracture peropératoire soudaine du maxillaire inférieur

Présentation

Population

  • Hommes et patients âgés de plus de 30 ans

Facteurs de risque

  • Caractéristiques ou anomalies de l'anatomie dentaire : racines longues ou bulbeuses, hypercémentose et dents pluriradiculées
  • Pathologies : kystes, ankylose, ostéoporose et atrophie alvéolaire ou, à l'inverse, très forte densité osseuse
  • Usage d'un élévateur, en particulier de gros élévateurs ou d'élévateurs utilisés comme leviers plutôt que de façon rotative
  • Dents incluses nécessitant l'enlèvement d'os, en particulier du bord inférieur du maxillaire inférieur

Sites fréquents de manifestation

  • Troisièmes molaires incluses en position verticale, situées près du bord inférieur du maxillaire inférieur; cependant, d'autres molaires peuvent aussi être en cause (ill. 1 et 2).

Signes

  • Crépitation ou craquement bruyant évocateur d'une fracture osseuse
  • Mobilité soudaine de la dent ou de l'os
  • Fragments osseux se détachant avec la dent durant l'extraction
  • Malocclusion visible, ouverture de l'occlusion, séparation des dents, ou déformation en paliers
  • Preuves radiologiques de fracture (laquelle peut être à peine perceptible, non déplacée ou en bois vert)

Symptômes

  • Le patient peut se plaindre d'une douleur vive au moment de la fracture ou être totalement asymptomatique
  • Selon le degré de déplacement, le patient peut être conscient de la malocclusion
  • Si le diagnostic est retardé, le patient peut revenir en se plaignant d'une altération de la sensibilité dans la lèvre ou le menton, d'une aggravation de la malocclusion, d'une tuméfaction persistante, d'une douleur persistante ou de signes d'infection (fièvre, frissons ou malaise)

Investigation

Confirmer les soupçons cliniques de fracture et évaluer le déplacement.

  • Évaluer en douceur, avec un minimum de force et de mouvement, le degré de mobilité dans le site présumé de fracture.
  • Demander au patient de fermer en occlusion pour évaluer les changements dans le schéma d'occlusion.
  • Obtenir une preuve radiologique de fracture à l'aide de radiographies rétroalvéolaire ou panoramique.
  • L'évaluation de l'altération de la sensibilité dans la lèvre et le menton sera masquée par l'anesthésie locale, sauf si le diagnostic est retardé.

Diagnostic

  • Confirmation de la mobilité des fragments de la fracture
  • Malocclusion
  • Preuve radiologique de fracture
  • Degré de déplacement des fragments de la fracture (aucun, minime, modéré ou sévère)

Traitement

Dans la mesure du possible, diriger immédiatement le patient vers un spécialiste en chirurgie buccale et maxillofaciale pour la prise en charge de la fracture mandibulaire.

  1. Si la fracture n'est pas déplacée : l'observation du patient et un régime de consistance molle pourraient suffire.

    Si la fracture est déplacée ou défavorable :
    • réduction chirurgicale ouverte avec fixation au moyen d'une plaque et de vis; ou
    • fixation intermaxillaire au moyen de barres d'immobilisation d'arcade ou de dispositifs d'attache utilisant des fils métalliques ou une traction élastique.
  2. Informer le patient du risque de malocclusion, de perte de vitalité des dents adjacentes à la fracture, d'infection (y compris d'ostéomyélite) et de paresthésie.
  3. Conseiller aux patients dont l'extraction a été difficile de revenir une semaine plus tard, car la majorité des fractures associées à une extraction sont diagnostiquées soit immédiatement ou dans la première semaine suivant l'intervention.

Ill. 1 : Homme de 52 ans présentant une péricoronarite de la dent 38, laquelle est également profondément incluse.

Ill. 2 : Femme de 48 ans dont la dent 38 est cariée et profondément incluse.



L'AUTEUR

 

Le Dr Lapointe est professeur agrégé et directeur de la Division de chirurgie buccale et maxillofaciale, ainsi que directeur adjoint des programmes d'études de cycles supérieurs, École de médecine et de médecine dentaire Schulich, London (Ontario). Courriel : Henry.Lapointe@schulich.uwo.ca

L'auteur n'a aucun intérêt financier déclaré.

Cet article a été revu par des pairs.

Ressources suggérées

  1. Hupp JR. Prevention and management of surgical complications. In: Hupp JR, Ellis E, Tucker MR, editors. Contemporary oral and maxillofacial surgery. 5th ed. St. Louis (MO): Mosby; 2008. p. 185-200.
  2. Wagner KW, Otten JE, Schoen R, Schmelzeisen R. Pathological mandibular fractures following third molar removal. Int J Oral Maxillofac Surg. 2005;34(7):722-6.
  3. Iizuka T, Tanner S, Berthold H. Mandibular fractures following third molar extraction. A retrospective clinical and radiological study. Int J Oral Maxillofac Surg. 1997;26(5):338-43.