La profession prodigue des soins buccodentaires de haut niveau à la majorité de la population canadienne. L’Enquête canadienne sur les mesures de la santé de 2007-2009 révélait que 84 % des Canadiens bénéficiaient de soins buccodentaires jugés bons ou excellents, ce qui est digne de mention. Bien des Canadiens n’ont cependant pas accès à de tels soins, à cause notamment de leur situation financière, géographique ou culturelle ou encore d’autres obstacles. Malgré cela, le Canada n’a pas de stratégie nationale complète visant les soins buccodentaires.
La médecine dentaire jouit du privilège d’autoréglementation. En acceptant ce privilège, notre profession reconnaît qu’elle est redevable à la société. Il lui incombe de veiller à ce que chaque Canadien puisse recevoir les soins buccodentaires nécessaires. Longtemps, l’ADC a répété sur la place publique que la profession devait se pencher sur l’avenir de la prestation des soins buccodentaires au Canada, à défaut de quoi d’autres le feront sans nous. Or les solutions auxquelles ils arriveront ne seront pas nécessairement dans l’intérêt de la profession, ni de la santé buccodentaire des Canadiens.
Les initiatives actuelles de l’ADC entourant l’accès aux soins sont menées par son groupe de travail national en la matière, qui s’attarde à la prévention de la carie de la petite enfance – pour que notamment la première visite chez le dentiste ait lieu avant l’âge de 1 an – et à l’établissement de normes nationales de soins buccodentaires pour les résidents des centres de soins de longue durée. D’autres organismes s’affairent aussi à améliorer l’accès aux soins buccodentaires, mais le cocktail de programmes qui résulte des efforts de chacun n’a aucun principe ou stratégie en commun.
Au Canada, la santé relève des provinces. Le gouvernement fédéral se mêle peu des soins buccodentaires, abstraction faite des programmes pour les Premières Nations et les anciens combattants. Le système unique de gestion des soins de santé au Canada fait qu’il est malaisé pour n’importe quel gouvernement d’élaborer une stratégie nationale complète et un plan d’action. La Stratégie canadienne de santé buccodentaire 2005-2010 du Groupe de travail fédéral-provincial-territorial des directeurs de santé dentaire est certes utile pour cerner les besoins et les lacunes du système, mais elle ne va pas jusqu’à établir un plan d’action.
Figures de proue des soins buccodentaires, les dentistes sont bien placés pour aborder l’épineux problème de l’accès aux soins au Canada. L’ADC s’est engagée à élaborer une stratégie nationale visant les soins buccodentaires par une démarche interdisciplinaire et menée en collaboration avec des fournisseurs de soins buccodentaires, des universitaires, l’industrie dentaire, les gouvernements, les autres professions de la santé et le public.
Cette démarche est déjà en branle. L’étape de la recherche, financée par l’ADC, permettra de recueillir et d’analyser toutes les données pertinentes sur l’accès aux soins buccodentaires au Canada. Les résultats éclaireront un vaste dialogue qui se tiendra dans le cadre d’un symposium national de l’ADC prévu en février 2014 à Ottawa. Toutes les entités touchées par cette stratégie canadienne y seront invitées et pourront contribuer collectivement à l’élaboration d’un plan d’action. Une fois ce plan défini, l’ADC en assumera la coordination et la mise en œuvre.
Je souhaite que la nouvelle stratégie donne une orientation claire à la prestation efficace de soins buccodentaires sûrs pour tous les Canadiens. Il appartient à la profession dentaire de prendre les devants pour que toute la population canadienne ait accès à de bons soins buccodentaires.