En 2014, les Drs Mary McNally, Robert J. Schroth et Rosamund Harrison ont tenu un atelier, Voies de l'équité en santé buccodentaire canadienne visant les Premières Nations, les Métis et les Inuits : atelier d'échange de connaissances, visant à repenser nos démarches pour améliorer la santé buccodentaire des Autochtones.
Cet évènement faisait suite au lancement d'une initiative phare des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), Voies de l'équité en santé pour les Autochtones, qui fait de la santé buccodentaire un domaine d'action prioritaire pour les Premières Nations, les Métis et les Inuits du Canada.
Le RCRSB en action
- Cet évènement a bénéficié d'une subvention pour l'organisation d'un atelier du Réseau canadien de recherche en santé buccodentaire (RCRSB).
- Le RCRSB a pour mission de :
- promouvoir le mentorat de la future génération de chercheurs dans le domaine de la santé buccodentaire;
- aider au développement d'équipes interdisciplinaires en recherche;
- favoriser le partage des ressources liées à la recherche;
- orienter et développer des infrastructures de façon durable;
- favoriser les échanges entre et parmi ceux qui créent le savoir et ceux qui l'utilisent.
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« Double regard »
L'atelier a misé sur le « double regard », un concept formulé par l'aîné Albert Marshall de la Première Nation micmaque d'Eskasoni, au Cap-Breton, et qui consiste à « regarder d'un œil avec les forces des systèmes de connaissances autochtones, et de l'autre œil avec les forces des systèmes de connaissances occidentaux, pour ensuite utiliser ensemble les deux approches. »
Les organisateurs voulaient que l'attention porte sur les Autochtones et les iniquités qu'ils subissent en matière de soins buccodentaires. Des représentants des Premières Nations, des Métis et des Inuits ont pris les premiers la parole lors de l'évènement. « Conformément au "double regard", il était important d'entendre d'abord et avant tout les témoignages des Autochtones, pour ensuite leur permettre d'échanger avec des chercheurs canadiens en santé buccodentaire », rapporte la Dre McNally.
Les participants comptaient aussi des cliniciens, des chargés de la promotion de la santé, des gestionnaires et décideurs de programmes de santé ainsi que des universitaires.
« Nous avons choisi un format de rencontre non classique », explique le Dr Schroth. Le but? Favoriser la conversation afin d'arriver à une bonne compréhension commune des lacunes et des défis actuels caractérisant la prestation de soins buccodentaires. Les participants ont pu faire valoir leur point de vue entourant quatre thèmes clés – collectivités, mesures, approches et fournisseurs – lors de tables rondes.
« Je crois que bien des dentistes canadiens ont à cœur les besoins buccodentaires particuliers des Autochtones, avance le Dr Schroth. Et je pense que bon nombre se rendent maintenant compte que l'amélioration de la santé buccodentaire ne passe pas seulement par l'accès au programme de Services de santé non assurés. Bien d'autres facteurs entrent en ligne de compte. Dans une région éloignée mal desservie par des professionnels, ce programme aura peu d'effet sur la santé. »
Partenariats et renforcement des capacités
L'expression « rien sur nous sans nous » a eu beaucoup d'écho chez les représentants autochtones. « Il n'est plus acceptable qu'un chercheur se parachute dans une communauté, y amasse des données et disparaisse », confie le Dr Schroth. La recherche doit fournir des avantages concrets pour la communauté et s'efforcer de mettre en valeur le potentiel de cette dernière, renchérit la Dre McNally.
Pour renforcer les capacités, comme le souligne la Dre McNally, il faut mettre à profit un réseau interdisciplinaire et d'autres domaines de compétences. « Nous partageons les mêmes déterminants sociaux. Il faut s'y prendre de manière novatrice pour cultiver des relations au sein des communautés, mais aussi avec d'autres disciplines. » Le Dr Schroth soulève la possibilité de tirer parti de programmes de prévention existants. « Nous n'avons jamais examiné si les programmes d'allaitement, de nutrition des enfants d'âge préscolaire ou de prévention de l'obésité avaient une incidence sur la santé buccodentaire. Nous sommes très enthousiastes qu'il y ait d'autres pistes à explorer. »
Les organisateurs de l'atelier sont ravis de la réaction positive des participants. « Ils étaient prêts à faire avancer ce dossier, même s'il faudra du temps, signale le Dr Schroth. Bien des personnes, y compris de l'extérieur du milieu dentaire, sont du même avis. Il est encourageant pour les dentistes de voir que nous ne sommes pas seuls et que les communautés ne le sont pas non plus. »
Cet atelier porte déjà fruit. « Certains d'entres nous déposeront des demandes au programme de subventions de fonctionnement des IRSC, mentionne le Dr Schroth. Les participants ont manifesté l'intérêt de faire partie d'un réseau de recherche concertée sur la santé buccodentaire des Autochtones. À mon avis, cela montre que l'atelier n'a pas été perçu comme un évènement axé sur les chercheurs. »
Un résumé et l'acte de conférence de l'atelier [en anglais seulement] sont accessibles pour consultation.