Évaluation de l’efficacité d’un traitement laser

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Dans son article sur les lasers pour tissus mous et les traitements parodontaux non chirurgicaux1, la Dre Matthews conclut que «rien n’indique que le laser procure une valeur clinique supérieure au détartrage et au surfaçage radiculaire ainsi qu’aux traitements chirurgicaux classiques.» Cette conclusion me paraît contestable dans la mesure où la Dre Matthews ne fait mention d’aucune étude exhaustive, mais fait sélectivement référence à certains articles de revues systématiques. Celles-ci, par définition, reposent sur un éventail de références restreint puisqu’elles se concentrent sur un aspect secondaire d’un domaine d’intérêt, notamment la comparaison des traitements parodontaux non chirurgicaux et chirurgicaux.

Cette conclusion, qui nie l’existence de toute donnée probante à l’appui de l’intérêt du système laser, est biaisée compte tenu des 20 années et plus de recherche consacrées à ce sujet par les docteurs Marshall Midda et Ray Yukna dans les années 1980 et 2000 respectivement. Une étude véritablement exhaustive aurait dû inclure les travaux de recherche publiés par Ishikawa et collaborateurs2 dans la revue Periodontology 2000, qui concluent ainsi : «Les traitements au laser se sont révélés supérieurs aux techniques mécaniques classiques en ce qui concerne la prise en charge des tissus mous, en offrant une méthode simple sur les plans de l’ablation, de la décontamination et de l’hémostase, ainsi qu’en réduisant la douleur opératoire et postopératoire.»

La divergence qui existe entre l’article de la Dre Matthews et celui publié par Ishikawa et collaborateurs est probablement due à l’omission faite par la Dre Matthews d’un important paragraphe de l’article de Slot et collaborateurs3 auquel elle fait référence : «Le traitement laser présente plusieurs avantages sur les méthodes classiques, notamment une destruction cellulaire et une tuméfaction tissulaire minimes, l’hémostase, une meilleure visualisation du champ opératoire, la stérilisation des plaies, une moindre douleur postopératoire et le degré élevé d’acceptation parmi les patients.»

La présentation d’un article mieux équilibré est essentielle à l’avancement de ce traitement très important qui pourrait être bénéfique à de nombreux Canadiens. Ayant utilisé divers appareils laser dans l’exercice de mes fonctions en qualité de clinicien praticien pendant 20 ans, et ayant donné des conférences et des séminaires sur les applications laser cliniques, je suis tout à fait compétent pour m’exprimer sur ce sujet et fournir des observations empiriques et scientifiques permettant de tirer des conclusions définitives.

Dr Robert H. Gregg II
Ancien membre du corps professoral
UCLA School of Dentistry
Président et président du conseil d’administration, Millennium Dental Technologies, Inc.
Président, The Institute for Advanced Laser Dentistry

Références

  1. Matthews D. Seeing the light—the truth about soft tissue lasers and nonsurgical periodontal therapy J Can Dent Assoc. 2010;76:a30.
  2. Ishikawa I, Aoki A, Takasaki AA, Mizutani K, Sasaki KM, Izumi Y. Application of lasers in periodontics: true innovation or myth? Periodontology 2000. 2009;(50):90-126.
  3. Slot DE, Kranendonk AA, Paraskevas S, Van der Weijden F. The effect of a pulsed Nd:YAG laser in non-surgical periodontal therapy. J Periodontol. 2009;80(7):1041-56.


Réponse de l’auteure

Je remercie le Dr Gregg de l’intérêt qu’il porte à mon article sur l’efficacité des lasers dans le cadre de traitements parodontaux non chirurgicaux1. Il existe certainement des données probantes sur les avantages de l’utilisation de certains types de lasers en pratique clinique dentaire dans certains cas spécifiques. L’objet de mon article n’était pas de débattre de l’utilisation des lasers dans le cadre de la chirurgie dentaire ou de la dentisterie restauratrice. Mon intention était plutôt de faire état des meilleures données cliniques disponibles sur l’utilisation des lasers dans un cas bien précis, celui des traitements parodontaux non chirurgicaux (détartrage et surfaçage radiculaire ou débridement mécanique).

Le paragraphe de la revue systématique menée par Slot et collaborateurs2 cité par le Dr Gregg a été pris légèrement hors contexte. À l’évidence, il existe des études qui démontrent les effets bactéricides du laser Nd:YAG sur les pathogènes parodontaux. Toutefois, lorsque l’on tient compte de la quantité et de la qualité de toutes les données cliniques existantes, on n’en trouve aucune pour appuyer la déclaration selon laquelle les lasers Nd:YAG sont supérieurs au débridement mécanique classique, réalisé seul ou en plus du détartrage et du surfaçage radiculaire. Ceci peut être dû en partie au fait que l’élimination de l’épithélium de la poche parodontale (anciennement désigné curetage parodontal) n’apporte aucun bénéfice clinique significatif3.

Pour pouvoir fournir les meilleurs soins à nos patients, nous devons nous appuyer sur les meilleures preuves qui soient, des preuves qui reposent sur un protocole expérimental, une analyse et une interprétation comportant le moins de biais possible. Les revues systématiques, telles que celles présentées par Slot et collaborateurs2, Schwarz et collaborateurs4 et Cobb5, sont un précieux outil pour le clinicien. Elles font la synthèse de plusieurs articles scientifiques portant sur une situation clinique précise et leurs auteurs tiennent compte de la qualité et de la quantité des meilleures données cliniques pour tirer leurs conclusions. Elles ne sont pas basées sur des études in vivo ou histologiques parce que cette forme de données n’est pas toujours directement applicable à l’amélioration des techniques cliniques.

Les revues systématiques ne sont pas parfaites. Elles peuvent aussi comporter des biais. Lorsqu’elles sont réalisées conformément à des protocoles établis, toutefois, elles sont méthodologiquement rigoureuses et reproductibles. Les revues systématiques ne doivent pas se substituer au jugement clinique, mais peuvent faire partie des trois volets de la prise de décision clinique qui comprennent également les préférences des patients ainsi que l’expérience et le jugement clinique du dentiste.

Dre Debora C. Matthews
Faculté de médecine dentaire
Université Dalhousie
Halifax, Nouvelle-Écosse

Références

  1. Matthews D. Seeing the light—the truth about soft tissue lasers and nonsurgical periodontal therapy J Can Dent Assoc. 2010;76:a30.
  2. Slot DE, Kranendonk AA, Paraskevas S, Van der Weijden F. The effect of a pulsed Nd:YAG laser in non-surgical periodontal therapy. J Periodontol. 2009;80(7):1041-56.
  3. American Academy of Periodontology. The American Academy of Periodontology statement regarding gingival curettage. J Periodontolol. 2002;73(10):1229-30.
  4. Schwarz F, Aoki A, Sculean A, Becker J. The impact of laser application on periodontal and peri-implant wound healing. Periodontol 2000. 2009;51:79-108.
  5. Cobb CM, Low SB, Coluzzi DJ. Lasers and the treatment of chronic periodontitis. Dent Clin North Am. 2010;54(1):35-53.