À la Conférence biennale de l’Association des facultés dentaires du Canada (AFDC) tenue en juin 2009, les participants se sont penchés sur les façons que les enseignants peuvent appuyer les tentatives visant à améliorer l’accès aux soins buccodentaires pour les patients ayant des besoins spéciaux et les personnes âgées. Dans les présentations de cette conférence organisée par les facultés de médecine dentaire de l’Université de Toronto (U.T.) et de l’Université Western Ontario (UWO), il est ressorti clairement que, malgré des programmes existants qui informent les dentistes, sensibilisent l’opinion et offrent des traitements à ces populations à risque élevé, le travail à abattre demeure énorme.
Quatre conférenciers – les Drs Ross Anderson, Barry Waldman, Ronald Ettinger et Michael Sigal – sont mis en vedette dans cette édition du JADC. Chacun a parlé des problèmes spécifiques que la profession a à résoudre touchant l’accès aux soins pour les personnes ayant des besoins spéciaux.
Le Dr Sigal relève un point particulièrement significatif pour la dentisterie canadienne, à savoir que parmi les quelque 4,4 millions de personnes atteintes d’incapacités au Canada, les soins dentaires demeurent l’un des services de santé les plus demandés et les plus difficiles à trouver. Il attribue cette situation en partie au manque de formation universitaire et au fait que les dentistes préfèrent renvoyer ces patients à des cliniques dans des hôpitaux pour y être soignés – un important problème étant donné que la plupart de ces cliniques ont des listes d’attente très longues, surtout pour les cas qui exigent une anesthésie générale.
Le Dr Sigal connaît personnellement ces problèmes en raison de son travail à l’Hôpital Mount Sinai de Toronto où il a contribué à créer un programme offrant des traitements dentaires aux personnes atteintes d’incapacités ou ayant des besoins spéciaux. Cette clinique, la plus grande du genre au Canada, a doublé au cours de la dernière décennie, un signe évident qu’on a besoin de plus de services buccodentaires pour ce groupe.
Les facultés de médecine dentaire de l’UWO et de l’U.T. se sont engagées à accroître la capacité et l’accessibilité aux soins buccodentaires pour les personnes ayant des besoins spéciaux. Les 2 facultés comptent appuyer des projets visant à offrir à ces patients un foyer dentaire.
Pour trouver des modèles à imiter, il suffit de nous tourner vers l’Ontario où la dentisterie travaille de concert avec le gouvernement afin d’offrir des soins aux familles à faible revenu. En 2009, le gouvernement a élargi son programme dentaire à l’intention des enfants dans le besoin en vue d’y inclure les jeunes jusqu’à l’âge de 18 ans tout en allouant plus de fonds pour les services de prévention et les traitements à l’intention des familles à faible revenu offerts par ses services de santé publics.
Par ailleurs, une aide provinciale a permis à l’U.T. de créer, en 2008, un centre de chirurgie pédiatrique afin d’offrir des soins buccodentaires aux enfants ayant besoin d’une anesthésie générale. Malgré des périodes d’attente allant jusqu’à 6 mois, le centre a réduit une part du fardeau qui pesait sur les salles d’opération des hôpitaux locaux.
À notre avis, les facultés de médecine dentaire du Canada peuvent relever le défi et trouver de nouvelles façons d’offrir des soins buccodentaires aux populations vulnérables. Un excellent exemple nous est offert par des étudiants qui ont conçu le programme Oral Health, Total Health. Cet organisme à but non lucratif a été créé par des étudiants en médecine dentaire de l’U.T. qui se sont donné pour mission de faire plus d’éducation et de défendre les droits et les intérêts des personnes ayant des besoins spéciaux en les traitant. Un chapitre de l’organisme a récemment été créé à l’UWO, et les étudiants souhaitent établir le programme dans chacune des facultés de médecine dentaire du Canada.
Bien que les patients ayant des besoins spéciaux reçoivent des soins buccodentaires, davantage reste à faire afin d’obéir aux normes en matière de soins. Nous espérons que toutes les facultés de médecine dentaire du Canada intensifieront leurs efforts afin de combler les lacunes dans les services s’adressant aux populations à risque élevé. L’AFDC a créé un plan stratégique de 5 ans visant à accroître la collaboration entre les 10 facultés de médecine dentaire du Canada, et l’accès aux soins buccodentaires en est l’une des priorités. Nous invitons l’ADC, les associations dentaires provinciales et les dentistes à devenir des partenaires dans ces efforts communs.