Quand un problème paraît insurmontable, il est tentant de simplement le rejeter ou l'ignorer. Souvent alors, nous espérons qu'il disparaîtra ou sera sans conséquences pour nous. S'il y a jamais eu un problème de santé propre à décourager, ce doit être sûrement celui de restaurer la vue à des millions de pauvres gens en Inde souffrant de cataractes et d'autres troubles oculaires.
Dès 1976, Aravind Eye Care System (www.aravind.org), un organisme à but non lucratif situé en Inde rurale, a relevé le défi d'offrir des soins oculaires chirurgicaux aux citoyens les plus démunis et, depuis cette date, est reconnu mondialement pour ses innovations et ses succès. Le fondateur, un chirurgien en ophtalmologie que tous nomment le «Dr V», a entrepris avec un zèle farouche d'étudier et de surmonter le problème avec des moyens tout à fait radicaux.
Le Dr V croyait profondément qu' «on éprouve une grande joie à faire quelque chose de beau» pour autrui, pensant qu'en aidant les gens les plus vulnérables, il se rendait meilleur lui-même. Il était également inspiré par Goethe qui disait : «Savoir ne suffit pas, il faut s'appliquer. Vouloir ne suffit pas, il faut agir.»
Ces mêmes paroles sont reprises dans un nouveau rapport de l'Institut de médecine des États-Unis intitulé Improving Access to Oral Health Care for Vulnerable and Underserved Populations. Je peux seulement imaginer qu'elles ont été choisies parce que les auteurs ont pensé que le moment est venu d'agir, non de parler. Le défaut d'accès à des soins buccodentaires est le problème le plus décourageant de notre secteur et il faudra sans doute une détermination semblable à celle du Dr V pour que la profession passe des paroles aux actes.
Pour progresser, le comité de l'Institut est d'avis qu' «améliorer l'accès aux soins buccodentaires est un premier pas crucial et nécessaire pour améliorer les résultats de santé buccodentaire et réduire les écarts». Le rapport de l'Institut comprend 10 recommandations visant à transformer la prestation des soins aux groupes vulnérables en changeant la formation des fournisseurs, en haussant les niveaux de compensation des soins offerts dans différents milieux et en modifiant la réglementation des professionnels de la santé buccodentaire afin de permettre à des «fournisseurs mi qualifiés» d'opérer plus indépendamment des dentistes.
Certes, ce sera un défi d'amener de nombreux intervenants différents à travailler ensemble de façon coordonnée durant une période prolongée afin d'accomplir la transformation envisagée par l'Institut. Cependant, je me permets d'inviter le nouveau groupe de travail de l'ADC chargé d'étudier l'accès aux soins pour les aînés et les enfants du Canada à regarder de près ce rapport et à déterminer les recommandations que notre pays pourrait également adopter.
Bien que des rapports de ce genre nous entraînent sur la voie d'une terre promise lointaine, il est important de faire les tout premiers pas pour entreprendre pareils grands périples. À mon avis, il importe aussi que la profession encourage et célèbre ceux qui font ces premiers efforts, surtout quand les résultats positifs ne sont pas immédiatement visibles.
Un point qui me vient à l'esprit est la formation continue touchant la prestation de soins buccodentaires aux aînés. Les organisateurs de tels cours prennent des mesures positives, même si la demande pour ces cours est faible et si leur sujet est moins attrayant que celui d'autres cours. Le 15 octobre, la Faculté de médecine dentaire de l'Université de Toronto tiendra un symposium d'une journée sur la dentisterie gériatrique, réunissant divers experts qui aborderont la question de notre population vieillissante et de la vague d'adultes plus âgés qui auront besoin de nos soins dans les années à venir.
De brefs propos enregistrés de la part de certains présentateurs du symposium sont offerts sur le Blogue du rédacteur en chef dans le jcdaf.ca. Par ailleurs, je vous encourage à songer à suivre des cours de formation continue en dentisterie gériatrique au cours de la prochaine année. En effet, les demandes et les défis que ce segment de population grandissant imposera à notre profession seront vraiment considérables.
John O'Keefe
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