Tel était le sujet d'un article1 que j'ai rédigé pour le JADC en 1998. Au cours de mes premiers quelque 10 ans d'exercice, j'ai commencé à me soucier des aînés et, en particulier, de ceux qui vivent dans des établissements de soins prolongés (ESP). Même alors, le mot «menace» était faible. Les 20 dernières années ont démontré que le problème de la prestation des soins en dentisterie gériatrique est devenu obsédant. Il est triste de constater que très peu de choses ont changé concrètement pour corriger la situation depuis la parution de mon article. Pendant ma carrière, j'ai assisté à au moins 4 conférences nationales sur le sujet, et les participants s'accordaient sur les solutions possibles. Pourtant, rien n'est en vue pour éviter le cauchemar qui se dessine, alors que plus de 60 % des résidents des ESP auront des dents et auront besoin de soins.
Dans les conférences, l'accès aux soins était toujours l'un des plus grands points d'intervention. On espérait que des changements pourraient avoir lieu grâce à diverses initiatives comme l'aménagement d'installations dentaires dans les établissements, la conception d'un équipement portatif abordable et même l'élargissement du champ d'exercice des hygiénistes. Hélas, ce ne fut pas le cas, et je crois que tout se résume au bon vouloir des dentistes et des hygiénistes dentaires de se rendre disponibles pour faire le travail.
S'il vous plaît, comprenez-moi bien et ne soyez pas offensés, il s'agit de soins dentaires très difficiles à administrer dans les pires circonstances possible. Il faut des fournisseurs très spéciaux pour vouloir traiter des patients qui sont souvent médicalement et physiologiquement diminués dans des situations moins qu'idéales – parfois dans un environnement où, semble-t-il, seules les personnes qui sont intéressées sont le dentiste et les proches du patient. Chapeau à ceux qui font ce travail! À mon avis, ils sont la plupart du temps mal payés pour tenter tout simplement de faire en sorte que le patient reste dans un état confortable.
Par ailleurs, gardons-nous des souhaits que nous faisons. Il semble y avoir de vénérables fournisseurs qui se rendent dans les ESP pour y offrir des services sensationnels. Bien entendu, ces services sont offerts uniquement à ceux qui ont suffisamment de sous ou d'assurance pour payer aux fournisseurs ce qu'ils croient mériter. À cette intention, la pose de ponts fixes et 20 unités de détartrage par année pour des gens ayant une espérance de vie de 18 mois après leur admission dans un établissement me paraissent un peu exagérées.
Tout bien considéré, la réponse touchant les soins appropriés pour ces gens ne viendra probablement pas des professionnels dentaires. Comme pour tout groupe mal desservi et mal financé ayant besoin de soins dentaires, la solution est la prévention. Le personnel et les proches des personnes vivant dans des ESP doivent être renseignés sur la meilleure façon de soigner leurs patients et leurs parents. Des mesures comme le brossage quotidien des dents et un approvisionnement de fluorure et de chlorhexidine (si besoin est) doivent être prises. Il convient de renseigner les nutritionnistes des ESP touchant les bienfaits des régimes faibles en sucre afin d'aider à combattre la carie. Et les gouvernements doivent être mis au courant des coûts qui pèsent sur le système de santé pour traiter une pneumonie par déglutition et des infections chroniques.
Il existe une distinction subtile entre défendre les intérêts des personnes vivant dans des ESP et renoncer à l'obligation de leur fournir directement des soins. Idéalement, une profession s'efforce d'éliminer le besoin de ses services. Voici une façon simple pour nous de le faire!
Référence
- Barrett B. The looming geriatric dental care crisis. J Can Dent Assoc.1998;64(9):623-4.