Le Dr Robert Sutherland, de Toronto, est le nouveau président de l'Association dentaire canadienne. Dans le portrait qui suit, nous en apprenons davantage sur les motifs qui l'incitent à continuer de consacrer ses énergies à la dentisterie organisée au Canada.
Tout est une question de perspective et dépend de la façon dont on voit le monde. On peut essayer de lire et de faire des recherches sur un sujet ou on peut plonger et apprendre par les faits. Le nouveau président de l'ADC, le Dr Robert Sutherland, aime les 2 méthodes et il aborde son nouveau rôle avec énormément d'expérience concrète dans de nombreuses disciplines dentaires. Il allie savoir universitaire, pratique d'une spécialité dentaire et gouvernance en dentisterie, ce qui le met dans une position exceptionnelle pour réunir différents groupes en vue de se pencher sur les questions de fond de la profession dentaire canadienne.
Le Dr Sutherland a été longtemps associé à l'Université de Toronto – où il a obtenu son diplôme de 1er cycle et sa maîtrise ès sciences. Après la maîtrise, et conformément à son intérêt général pour la santé, il a choisi de poursuivre ses études dentaires, obtenant son diplôme en 1980, toujours à l'Université de Toronto. Pour compléter sa formation, il s'est spécialisé en parodontie et a décroché son diplôme dans cette discipline 3 ans plus tard. Malgré la possibilité d'une carrière universitaire dans les sciences de la santé,il a finalement choisi d'ouvrir un cabinet à Toronto.
Les débuts du Dr Sutherland en dentisterie organisée ont eu lieu comme ce fut le cas pour bien d'autres personnes qui commencent à prendre part aux activités de leur société ou association dentaire locale – un collègue l'a invité à s'y joindre. Bientôt, il s'est pris au jeu de vouloir opérer des changements. « Une fois que vous commencez à travailler dans des comités, vous devenez de plus en plus conscients des grandes questions qui sont les moteurs des tâches à accomplir. »
Sa participation à la dentisterie organisée l'a aidé à faire contrepoids à l'isolement ressenti parfois dans la pratique privée. Il a bien aimé l'esprit collégial qui se forme en travaillant avec autrui sur des sujets qui touchent la profession. L'un des collègues qui ont inspiré le Dr Sutherland est la Dre Jocelyn Pearce, de Campbellcroft (Ontario), décédée en août 2011. Ensemble, ils ont travaillé à titre de membres du conseil d'administration de l'Association dentaire de l'Ontario. Lui l'admirait pour son approche stratégique à l'exécution des tâches ainsi que pour sa verve et son amour de la vie. « Elle s'attaquait à son travail avec grande énergie et faisait toujours de son mieux pour tout ce qui se présentait à elle », se rappelle-t-il.
Opérer des changements : une approche stratégique
Le Dr Sutherland possède assez de perspective pour comprendre qu'apporter des changements positifs à long terme exige qu'on relève des défis petits et grands de différentes façons. « On doit déterminer les questions qui sont complexes, les décomposer en éléments solubles et y engager des ressources pour ce faire durant plus longtemps », explique-t-il. Même s'il s'agit là d'un défi, pour le Dr Sutherland c'est justement ce qui stimule son intérêt.
Il donne en exemple le travail de l'ADC pour défendre l'accès aux soins comme l'une des grandes questions qui sera le premier point à son ordre du jour durant sa présidence à l'ADC. L'ADC a décidé d'aborder ce problème en s'attaquant d'abord à la carie de la petite enfance et en faisant la promotion de la première visite chez le dentiste à l'âge d'un an, ainsi qu'en établissant une norme minimale de soins buccodentaires pour les établissements de soins de longue durée au Canada.
À son avis, ces objectifs sont progressifs et réalisables touchant la question globale de l'accès aux soins. « Je crois fermement qu'il convient de fixer des buts et des objectifs qui soient réalisables, de les atteindre pour ensuite passer à d'autres aspects plus complexes », dit-il. « Voici une citation qui m'a toujours fait vibrer : ce n'est pas parce qu'on ne peut tout faire qu'il ne faille rien faire – et ce n'est pas parce qu'on peut agir qu'il faille tout faire. »
Bien qu'à titre de parodontiste le Dr Sutherland ne traite pas ordinairement les enfants, il a beaucoup travaillé avec les aînés et croit qu'ils doivent être traités avec la même attention et le même respect qu'on démontre envers les autres patients. « Les aînés veulent et méritent une valeur pour les services et les soins dont ils ont besoin et qu'ils comptent obtenir », dit-il. « Nous devons tous écouter ce qu'ils disent, parce que très souvent ils savent ce qu'ils veulent quand les options de traitement leur sont expliquées clairement. » Il incite ses dentistes collègues à changer peut-être leur propre perspective, à regarder le monde avec les yeux de leurs patients. Ceci comprend traiter les patients en songeant que nous serons tous des aînés un jour. « La plupart des procédures dentaires ont une durée de vie déterminée. Nous devrions toujours garder à l'esprit les résultats et les risques des traitements à long terme », conseille-t-il.
Travailler ensemble en vue d'un objectif commun
Le Dr Sutherland adopte une approche pragmatique à l'exécution des tâches et sait que l'ADC ne peut compter faire en peu de temps des changements importants sur des questions complexes. « L'ADC doit poursuivre ses efforts et voir les choses à long terme; peut-être parviendrons-nous dans 5 à 10 ans à faire une brèche pour résoudre des questions plus importantes », dit-il. Le Dr Sutherland s'empresse de signaler que la dentisterie ne doit pas s'attaquer seule aux grandes questions. « Nous devrons collaborer avec d'autres groupes de la santé tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de la dentisterie », ajoute-t-il.
Il reconnaît qu'il est toujours possible d'améliorer les communications entre l'ADC et les associations provinciales, les spécialistes et les universitaires. Mais au lieu de simplement parler, il juge qu'il est beaucoup plus productif de vraiment travailler ensemble sur une problématique. « Parler ensemble est une chose, mais travailler ensemble en vue d'un objectif commun est vraiment ce qui amène des groupes à être ensemble », observe-t-il.
À son avis, la vigueur de l'ADC provient du dévouement, de l'engagement et des compétences du personnel et des dentistes bénévoles. Les bénévoles de l'ADC ont compté dans leurs rangs le Dr Sutherland ainsi que la Dre Susan Sutherland, présidente du Comité des affaires cliniques et scientifiques de l'ADC pendant 5 ans et épouse du Dr Sutherland depuis 36 ans. C'est en compagnie de son épouse et de leurs fils, Eric, Patrick et Michael, qu'on trouve le Dr Sutherland les fins de semaine à leur chalet familial près d'Haliburton (Ontario). Il aime y passer du temps, car il y gagne une perspective toute fraîche sur sa vie à Toronto tout en cultivant son penchant pour la lecture de romans historiques et de biographies comme celle qu'il vient de terminer, The Last Empress, la vie de madame Chiang Kai-shek.
« Je me vois comme une personne qui embrasse le changement. J'aime essayer de nouvelles choses et adopter des approches différentes », poursuit-il. Sa capacité à penser stratégiquement aux objectifs à long terme d'un organisme définira son mandat à l'ADC. « J'aime explorer de nouvelles idées, mais pas simplement pour le changement », conclut-il. « J'aimerais que l'ADC fasse une différence fondamentale dans la vie des dentistes, dans la vigueur de notre profession et dans la santé des Canadiens. »