Selon une étude1 auprès d'adultes sélectionnés au hasard en Suède, la plaque dentaire peut être associée à une mort prématurée des suites d'un cancer. Les auteurs de l'étude avancent qu'il pourrait y avoir un lien entre le niveau de plaque, le cancer et la mortalité par cancer. Cette étude ne se penche pas sur la cause ni l'évolution du cancer. Elle révèle toutefois que la présence d'une forte charge bactérienne sur la surface des dents et au rebord des gencives est associée à des résultats défavorables.
« Bien que de telles études sur la population soient difficiles à mener, elles sont néanmoins susceptibles d'avoir des incidences importantes, explique le Dr Joel Epstein, conseiller de rédaction du JADC et directeur du Département de médecine buccale à la Division d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou à City of Hope, un centre de cancérologie complet de Duarte, en Californie. Chez les patients cancéreux, on sait que la santé buccodentaire est une cause d'inquiétude durant et après une cancérothérapie. Bien que les conclusions de l'étude ne montrent pas de lien de cause à effet, elles soulèvent tout de même des questions sur les conséquences systémiques éventuelles d'une mauvaise santé buccodentaire, particulièrement du décès des suites du cancer. »
Des chercheurs ont suivi 1 390 femmes et hommes suédois de plus de 24 ans ayant une bonne santé parodontale. Ils ont remarqué que les sujets décédés durant la période de l'étude présentaient une relation statistiquement significative entre le décès par cancer et le niveau de plaque, une fois tous les autres facteurs de l'analyse pris en considération. Les chercheurs ont établi l'état de santé buccodentaire à partir d'un examen dentaire clinique qui a permis de noter les paramètres suivants chez tous les sujets : le nombre de dents restantes à l'exception des troisièmes molaires, l'inflammation des gencives et l'état de l'hygiène buccale établi en fonction d'un index de la plaque et un d'un index du tartre.
Selon des statistiques nationales de la Suède, 58 sujets sont décédés durant la période de l'étude, dont 35 des suites du cancer. Les chercheurs ont estimé que tous les décès survenus durant la période d'étude étaient prématurés puisque les sujets décédés auraient dû vivre plus longtemps selon les données démographiques suédoises.
Les sujets ont aussi répondu à un questionnaire visant à recueillir des renseignements démographiques et de l'information sur leur santé buccodentaire clinique, tels que les rendez-vous chez le dentiste et l'usage du tabac. Dans l'ensemble, les décès prématurés étaient plus susceptibles d'être associés à des personnes présentant une quantité élevée de plaque dentaire, d'un âge avancé et de sexe masculin.
Cette étude n'a pas évalué la prévalence du cancer et des facteurs de risque liés à l'état buccodentaire.
Le Dr Epstein avance que l'association entre le décès par cancer et la plaque dentaire met en lumière la nécessité de mener davantage d'études pour bien comprendre le rôle de la plaque bactérienne dans la carcinogenèse et la mortalité des suites d'un cancer. Cette étude élargit la discussion sur la santé buccodentaire, particulièrement sur le niveau de plaque, et son importance en oncologie, et ce, pour inclure la carcinogenèse éventuelle et la mort attribuable au cancer. Elle élargit aussi l'incidence connue de la santé buccodentaire et du niveau de plaque sur les complications buccodentaires découlant d'un traitement oncologique, incluant ainsi la possibilité de décès prématuré par cancer.
Référence
- Söder B, Yakob M, Meurman JH, Andersson LC, and Söder P. The association of dental plaque with cancer mortality in Sweden. A longitudinal study. BMJ Open. 2012; 2:e001083.