Les éléments à prendre en considération pour traiter un patient dans le respect des traditions de l’Islam ont déjà été bien synthétisés1. Une chirurgie buccale peut en effet présenter quelques difficultés particulières chez un patient musulman qui jeûne.
Bien qu’il soit toujours possible de fixer après le ramadan la date d’une intervention non urgente, il peut arriver qu’il soit nécessaire d’extraire une dent – si cela ne contrevient pas aux croyances du patient jeûnant – pour apporter un soulagement d’urgence. La gluconéogenèse peut certes rendre la syncope moins fréquente qu’on ne l’aurait cru1, mais il est tout de même prudent d’utiliser un glucomètre avant et durant un traitement. Le décubitus dorsal peut aussi prévenir la syncope durant une extraction dentaire. Il faut toutefois obtenir le consentement éclairé du patient au cas où il serait nécessaire de lui administrer d’urgence du glucose par voie orale. Puisque la déglutition de salive et de sang durant le ramadan est interdite, il est possible de repousser l’extraction en pratiquant une pulpectomie. Il est aussi conseillé d’utiliser un appareil à succion rapide, d’installer une digue et de placer le patient en position assise pour éviter qu’il ne déglutisse par inadvertance. Si l’extraction est inévitable, il faut suturer les alvéoles après l’intervention pour ne pas avoir à recourir à des hémostatiques liquides. Le laser est un moyen valable d’obtenir l’hémostase.
Les injections d’anesthésiques locaux à action prolongée retardent l’administration d’analgésiques. Les rendez-vous en après-midi permettent l’administration d’analgésiques par voie orale dont les effets s’estomperont après la tombée de la nuit. Des timbres transdermiques de diclofénac ou de tramadol peuvent permettre d’éviter complètement le recours à des analgésiques par voie orale ou intramusculaire. On peut remplacer les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) par des opioïdes, tels le tramadol, puisque le jeûne quotidien est associé à des ulcères gastriques2. Les bains de bouche contenant de la chlorhexidine entre le coucher et le lever du soleil réduisent la nécessité de recourir à des antibiotiques postopératoires. S’il faut administrer des antibiotiques, ceux-ci doivent avoir une action prolongée.
Les dentistes musulmans qui jeûnent pourraient offrir les services de suppléants à court terme pour assurer la prise en charge durant le ramadan. L’embauche de dentistes supplémentaires pour des cliniques de soirée durant le ramadan pourrait aussi profiter tant aux patients musulmans qu’aux dentistes qui jeûnent. Les patients malades et les patientes enceintes ou qui ont leurs règles sont soustraits à l’obligation du jeûne et peuvent recevoir des traitements comme d’ordinaire. Il est aussi possible d’organiser des examens dentaires avant le ramadan. Tous ces éléments permettent d’optimiser le traitement et de respecter les pratiques religieuses des patients musulmans durant le ramadan.
Références
- Darwish S. The management of the Muslim dental patient. Br Dent J. 2005;199(8):503.
- Niazi AK, Niazi SK. Need for Ramadan guidelines in various aspects of health. Indian J Endocrinol Metab. 2012;16(4):663-4.