Bien des Canadiens à revenu moyen n’ont pas la capacité de se payer des soins dentaires

Date
Body


Selon une étude récente1 menée par des chercheurs de l’Université de Toronto, un nombre croissant de Canadiens à revenu moyen ont de la difficulté à se payer des soins dentaires.

Cette étude a examiné l’évolution de la capacité des Canadiens moyens à se payer des soins dentaires en fonction du revenu total et de la taille du ménage (à noter : un ménage d’une ou deux personnes ayant un revenu annuel combiné entre 15 000 $ et 29 999 $ est considéré comme faisant partie des travailleurs à revenu moyen). L’étude a analysé des données recueillies par Statistique Canada de 1978 à 2009 sur la protection autodéclarée de l’assurance dentaire, les coûts qui représentent un obstacle à l’obtention de soins dentaires et les montants déboursés pour ces soins.

Selon les résultats de l’étude, en 2009, les Canadiens à revenu moyen avaient connu la plus grande réduction de leur capacité à se payer des soins dentaires par rapport à toutes les catégories de revenu. Ces Canadiens étaient les moins nombreux à profiter d’un régime de soins dentaires (48,7 %) et avaient le même niveau de protection peu importe s’ils avaient un emploi à temps plein ou à temps partiel. Par opposition, les moyennes nationales pour toutes les catégories de revenu montrent que davantage de travailleurs à temps plein que de travailleurs à temps partiel ont une assurance dentaire (72,6 % contre 64,7 %, respectivement).

Cependant, les coûts constituent un obstacle pour les Canadiens à revenu moyen, qu’ils aient une protection ou non – près de 20 % des travailleurs assurés et la moitié des travailleurs non assurés ont indiqué que les coûts constituaient une barrière aux soins dentaires. Dans l’ensemble, environ le tiers des Canadiens à revenu moyen signalait que les coûts étaient un obstacle aux soins dentaires en 2009. En 2008, ces Canadiens avaient connu la plus forte hausse des montants payés de leur poche pour ces soins.

Le Dr Carlos Quiñonez, auteur principal de l’étude, explique que les changements du marché du travail ont causé des torts aux Canadiens à revenu moyen : « Pour garder leur avantage concurrentiel sur les marchés mondiaux, les grandes entreprises ont commencé à offrir davantage de contrats de travail à temps partiel ou temporaire, ce qui leur évite de fournir un régime de soins dentaires, ou encore elles ont réduit la générosité ou l’étendue des avantages conférés aux employés en poste ou aux nouveaux employés à temps plein. »

Selon le Dr Quiñonez, deux facteurs expliquent le fait que les Canadiens à revenu moyen trouvent difficile de se payer des soins dentaires, même s’ils bénéficient d’une protection. « Le revenu du segment de la population à revenu faible ou moyen de notre société stagne depuis les années 1980. En dollars indexés, les gens ne peuvent tout simplement pas se permettre la même chose qu’auparavant. » Cette diminution du pouvoir d’achat est aggravée par le fait que « les coûts des soins dentaires ont connu une augmentation bien au-delà du niveau de l’inflation au cours de la même période. »

Du point de vue des dentistes, si de plus en plus de Canadiens à revenu moyen n’obtiennent pas les soins dentaires dont ils ont besoin faute de moyens, on peut se poser des questions sur l’état de santé buccodentaire de bien des Canadiens. Selon le Dr Quiñonez, « l’accès à des soins dentaires préventifs et curatifs joue un rôle important dans l’amélioration de la santé buccodentaire. Sans de tels soins, les Canadiens n’ont pas la possibilité de jouir d’une santé optimale. »

Quant à ce que la profession peut faire pour lever ou réduire les obstacles financiers, le Dr Quiñonez est d’avis que « les dentistes ont le rôle le plus grand et le plus productif à jouer pour façonner la façon dont nous finançons et prodiguons les soins dentaires au Canada. Nous devrions militer pour que l’assurance dentaire soit obligatoire dans tous les contrats de travail et pour qu’il y ait une approche plus progressiste vis-à-vis des régimes de soins dentaires publics, de sorte qu’ils desservent plus que le groupe que l’on juge habituellement en avoir le plus besoin. »

Référence

  1. Ramraj C, Sadeghi L, Lawrence HP, Dempster L, Quiñonez C. Is Accessing Dental Care Becoming More Difficult? Evidence from Canada’s Middle-Income Population. PLoS ONE. 2013; 8(2): e57377.