Comment dois-je prendre en charge un patient souffrant d'une infection odontogène importante?

Body

Infection odontogène importante

Les patients souffrant d'une infection odontogène importante sont léthargiques, ressentent une douleur intense et ont de la difficulté à parler ou à avaler. Dans la majorité des cas, le patient souffre de trismus.

Tableau clinique

Population

  • Patients ayant une mauvaise hygiène buccodentaire
  • Patients ne recevant pas de soins dentaires sur une base régulière
  • Patients immunodéprimés (p. ex. diabète, VIH/sida, maladie du tissu conjonctif)
  • Patients ayant des restaurations

Signes

  • Fièvre et léthargie
  • Trismus
  • Tuméfaction importante
  • Difficulté à parler et à avaler
  • Incapacité à contrôler ses secrétions (l'apparition subite d'une salivation importante est un signe inquiétant)
  • incapacité de s'allonger provoquée par une dyspnée (signe inquiétant)
  • Caries importantes
  • Dent fracturée
  • Mobilité dentaire

Symptômes

  • Douleur d'intensité modérée à importante
  • Tuméfaction, souvent associée à une rougeur des surfaces
  • Ouverture de la bouche limitée
  • Fièvre et malaise généralisé
  • Œdème du plancher de la bouche et mobilité restreinte de la langue
  • Pouls rapide et faible

Investigation

Exclure les pathologies locales

  • Obtenir les antécédents médicaux complets du patient et noter ses signes vitaux.
  • Demander au patient s'il est immunodéprimé.
  • Obtenir les antécédents dentaires complets du patient et le questionner quant à la douleur ressentie (apparition, emplacement, progression, type de douleur).
  • Prendre des radiographies intra-buccales et extra-buccales, si le patient est en mesure de collaborer.
  • Vérifier le niveau d'atteinte du site de l’infection et s'assurer que seule la cavité buccale est touchée.

Diagnostic

Selon les observations cliniques et l'investigation, un diagnostic d'infection odontogène importante est établi.

Diagnostic différentiel

Infections non odontogènes (infections des glandes salivaires majeures, abcès péri-amygdaliens, infections virales, infections de lésions kystiques)

Traitement

Traitements initiaux courants

  1. Éliminer la source de l'infection (p. ex. les dents infectées).
  2. Si l'infection se présente comme une enflure fluctuante, l'aspirer pour obtenir des échantillons qui seront envoyés en laboratoire pour coloration de Gram et cultures aérobie et anaérobie.
  3. Inciser et drainer.
  4. Prescrire des antibiotiques :
    • Antibiotiques administrés par voie intraveineuse si le patient se trouve dans un établissement de soins d'urgence
    • Si l'infection est de légère à modérée, prescrire de 300 mg à 600 mg de pénicilline V, à prendre par voie orale 4 fois par jour, pendant au moins 7 jours (si le patient est allergique à la pénicilline, prescrire de 300 mg à 600 mg de clindamycine, à prendre par voie oral 4 fois par jour, pour 7 jours), en plus de prescrire des antibiotiques contre les bactéries anaérobie :
      • métronidazole (p. ex. Flagyl®) : comprimés oraux de 500 mg, 3 fois par jour, pendant 7 jours; ou
      • amoxicilline : comprimés oraux de 500 mg, 3 fois par jour, pendant 7 jours; ou
      • association amoxicilline-clavualanate de potassium (p. ex. Augmentin®) : comprimés oraux de 500 mg, 3 fois par jour, pendant 7 jours
  5. Il est conseillé d'utiliser une combinaison de narcotiques et d'anti-inflammatoires afin d'efficacement prendre en charge la douleur.

Conseils

  • La première ligne d'aiguillage devrait être vers un chirurgien buccal afin d'accélérer le traitement du patient, puisque le chirurgien a accès aux hôpitaux et qu'il peut pratiquer des sédations en cabinet lorsque la sécurité du patient n'est pas compromise.
  • Si aucun chirurgien buccal ne peut recevoir le patient, diriger ce dernier vers le service d'urgence d'un hôpital. Contacter l'urgentologue pour lui faire part des résultats de l'investigation et lui demander si des antibiotiques doivent être prescrits avant l'aiguillage du patient.
  • S'assurer que le patient comprenne la gravité de la situation et qu'elle pourrait lui être fatale si elle n'est pas traitée ou s'il tarde à voir un spécialiste.
  • Mettre l'accent sur l'importance de compléter l'antibiothérapie.

L’AUTEURE

 

La Dre Chemaly est une spécialiste en chirurgie buccale et maxillofaciale. Elle exerce en cabinet privé à Toronto.

Écrire à : Dr. Daisy Chemaly, Dr. Daisy Chemaly Dentistry Professional Corporation, 2-2416, rue Bloor West, Toronto (Ontaio)  M6S 1M8. Courriel : daisy_chemaly@hotmail.com

L’auteure n’a aucun intérêt financier déclaré.

Cet article a été révisé par des pairs.

Ressources suggérées

  1. Miloro M, editor. Peterson’s Principles of Oral and Maxillofacial Surgery. 2nd ed. Hamilton: BC Decker Inc.; 2004.
  2. Topazian RG, Goldberg MH, Hupp JR. Oral and Maxillofacial Infections. 4th ed. Philadelphia: W.B Saunders Co.; 2002.