Des doutes subsistent sur l’efficacité de l’antibioprophylaxie contre l’endocardite bactérienne

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Une revue Cochrane de 20131 a fait ressortir qu’il y a peu de données scientifiques attestant l’efficacité de l’antibioprophylaxie chez les patients qui présentent un risque d’endocardite bactérienne et qui doivent subir un traitement dentaire effractif imminent. Les auteurs de la revue ont trouvé peu d’études primaires examinant l’efficacité de l’antibiothérapie prophylactique et celles qu’ils ont relevées étaient généralement de piètre qualité. Une seule étude cas-témoin a répondu aux critères d’inclusion dans la revue.

Des précisions sur la position de l’ADC sur l’antiobioprophylaxie pour prévenir l’endocardite infectieuse

L’énoncé de position de l’ADC sur la prévention de l’endocardite infectieuse (que le conseil d’administration a ratifié en 2007 et reconduit en 2013) concorde avec les directives de 2007 de l’Association américaine des maladies du cœur (AAM) sur l’antiobioprophylaxie précédent une intervention dentaire dans le but de prévenir une endocardite infectieuse.

Récemment, l’AAM a publié des « Corrections » à ses directives de 2007 pour en clarifier la formulation du contenu. Notamment, elle a apporté un changement à la liste des cardiopathies pour lesquelles il est indiqué de prescrire une antiobioprophylaxie en prévision d’une intervention dentaire – c’est-à-dire des cardiopathies associées au plus fort risque d’issue défavorable à cause d’une endocardite infectieuse. La cardiopathie « valvule cardiaque artificielle » a été remplacée par « des prothèses valvulaires cardiaques ou [des patients] chez qui des matériaux prothétiques ont été employés pour réparer une valvule cardiaque ».

Le Comité des affaires cliniques et scientifiques de l’ADC a communiqué avec l’AAM pour obtenir des précisions sur les motifs de ce changement. D’après la réponse obtenue, le comité a conclu qu’il s’agissait d’un changement pour la forme. Toutefois, s’ils ne le font pas déjà dans leur questionnaire médical, les dentistes devraient demander à leurs patients s’ils ont subi une réparation de l’une de leur valvule cardiaque dans le passé.

Sur le plan pratique, les auteurs de l’étude ont conclu que « les dentistes doivent discuter des avantages et des risques éventuels d’une antiobioprophylaxie avec leurs patients avant de décider s’ils en prescrivent une » [trad.].

L’énoncé de position de l’ADC sur la prévention de l’endocardite infectieuse2 appuie les lignes directrices de 2007 de l’Association américaine des maladies du cœur3 (AAM) qui donnent à entendre qu’il serait indiqué de prescrire une antiobioprophylaxie de courte de durée avant certaines interventions dentaires et médicales chez des patients qui présentent un fort risque d’endocardite infectieuse.

« Les lignes directrices de l’AAM admettent qu’on ne connaît pas l’efficacité d’une antiobioprophylaxie chez les patients à risque, ce que corrobore la dernière revue Cochrane, explique la Dre Susan Sutherland, présidente du Comité des affaires cliniques et scientifiques de l’ADC. Pour cette raison, il est d’autant plus important que les dentistes discutent des avantages et des risques de l’antiobioprophylaxie avec leurs patients avant de décider s’ils prescriront un antibiotique. »

La prescription d’une antibiothérapie prophylactique pour prévenir la mortalité, une maladie grave ou l’incidence d’une endocardite bactérienne ne fait pas l’unanimité parce que les effets néfastes de ces médicaments peuvent l’emporter sur les avantages éventuels. Bien des pays recommandent l’antiobioprophylaxie pour les patients qui présentent un fort risque d’endocardite bactérienne, tels que les patients ayant déjà eu une endocardite et ayant des valvules cardiaques prothétiques. Par exemple, les lignes directrices européennes, américaines et australiennes recommandent de prescrire des antibiotiques seulement pour les patients jugés à haut risque. Par contre, en Angleterre et au Pays de Galles, les lignes directrices de l’Institut national de la santé et de l’excellence clinique stipulent que les patients qui présentent un risque d’endocardite infectieuse n’ont pas besoin d’antibiotique avant une intervention, qu’elle soit dentaire ou chirurgicale.

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Pour consulter l’énoncé de position de l’ADC sur la prévention de l’endocardite infectieuse, reportez-vous au www.cda-adc.ca/_files/position_statements/infectiousEndocarditis-FR.pdf. Pour en savoir davantage sur l’incidence des directives de l’Institut national de la santé et de l’excellence clinique deux années après leur mise en œuvre, consultez la page www.jcda.ca/fr/article/jcda_express_issue_6_2011.

Références

  1. Glenny AM, Oliver R, Roberts GJ, Hooper L, Worthington HV. Antibiotics for the prophylaxis of bacterial endocarditis in dentistry. Cochrane Database Syst. Rev. 2013;10: CD003813.
  2. Association dentaire canadienne. Position de l’ADC sur la prévention de l’endocardite infectieuse [consulté le 2014 Feb 13]. Disponible au : www.cda-adc.ca/_files/position_statements/infectiousEndocarditis-FR.pdf.
  3. American Heart Association. Prevention of infective endocarditis: guidelines from the American Heart Association: a guideline from the American Heart Association Rheumatic Fever, Endocarditis, and Kawasaki Disease Committee, Council on Cardiovascular Disease in the Young, and the Council on Clinical Cardiology, Council on Cardiovascular Surgery and Anesthesia, and the Quality of Care and Outcomes Research Interdisciplinary Working Group. Circulation. 2007;116(15):1736-54.  Epub 2007 Apr 19.