JADC Express – Numéro 8, 2012

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Numéro 8, 2012   

Les versions intégrales des articles présentés dans le JADC Express sont disponibles gratuitement pour une période d'un mois.



Prise en charge de la parodontite agressive

Dans ce numéro du JADC Express, les Drs Robert Durand, professeur adjoint à l'Université de Montréal, Andrea R. Hsu, nouvelle diplômée en parodontie de l'Université du Minnesota et Popi Stylianou, résident en parodontie à l'Université du Minnesota, présentent 3 articles qui traitent de la parodontite agressive, soit : un examen des techniques actuelles de traitement et des réponses prévues; des données sur un plan de traitement qui semble avoir d'importants bienfaits cliniques et une étude à long terme sur les risques possibles pour les patients porteurs d'implants.

Dr Robert Durand

Introduction

  • La parodontite agressive est une maladie parodontale multifactorielle qui fait intervenir une altération de la sensibilité de l'hôte et la présence de paropathogènes particulièrement virulents.
  • En raison de la faible prévalence de la parodontite agressive (par comparaison à la parodontite chronique), il est difficile de mener des études sur un vaste échantillon. Il existe donc peu d'études cliniques adéquates et bien contrôlées sur les modalités thérapeutiques et les réponses au traitement.
  • Bien que l'on en connaisse peu sur la prise en charge optimale de la parodontite agressive, le traitement devrait mettre l'accent principalement sur la maîtrise des facteurs étiologiques, sur l'éducation du patient et sur l'importance d'observer les traitements d'entretien.
  • Le traitement de première intention consiste habituellement en un détartrage et un surfaçage radiculaire, associés à l'administration d'antibiotiques à action systémique et à l'observance d'un rigoureux traitement d'entretien. Différentes antibiothérapies d'appoint ont été testées, mais aucun régime optimal (quant au médicament, à la posologie et à la durée de traitement) n'a encore été déterminé.
  • Il est souvent nécessaire de pratiquer un traitement chirurgical – lequel inclut, sans en exclure d'autres, l'extraction, la résection radiculaire, le débridement avec lambeau ouvert et la régénération tissulaire guidée – s'il y a des poches résiduelles ou des défauts intra-osseux.
  • La parodontite agressive localisée a tendance à atteindre un stade où l'affection répond bien aux traitements parodontaux classiques; en revanche, la forme généralisée répond moins bien aux traitements classiques et s'accompagne d'un risque plus élevé de progression et de récidive.

Dre Andrea R. Hsu

Dre Popi Stylianou

Quels sont l'étiologie, les facteurs de risque et les options thérapeutiques de la parodontite agressive?

Deas DE, Mealey BL. Response of chronic and aggressive periodontitis to treatment. Periodontology 2000. 2010;53:154-66.

L'accès à la version intégrale de cet article est expiré.

Perle clinique du JADC : Bien que les patients atteints de parodontite agressive présentent au départ un pronostic sombre, une réponse favorable au traitement initial et l'observance rigoureuse d'un programme d'entretien strict favoriseront le maintien à long terme des dents.

Points clés :

  • Il n'est pas toujours facile de distinguer la parodontite chronique de la parodontite agressive et de prévoir l'issue du traitement. Les auteurs examinent les réponses au traitement de la parodontite agressive – localisée et généralisée – et les comparent aux réponses bien documentées au traitement de la parodontite chronique.
  • Le pronostic des dents qui présentent une maladie parodontale chronique ou agressive dépend à la fois de facteurs liés aux dents (p. ex. poches profondes persistantes, perte d'attache, mobilité) et de facteurs personnels (p. ex. tabagisme, prédisposition génétique, âge).
  • Qu'il s'agisse de parodontite agressive localisée ou généralisée, il est difficile de comparer les traitements actuels en raison du faible nombre de sujets. La forme généralisée est également plus difficile à distinguer de la parodontite chronique et est moins susceptible d'atteindre un stade où elle réagira bien aux traitements parodontaux classiques.
  • La parodontite agressive peut être incluse dans le diagnostic différentiel comme une manifestation de maladies systémiques. Il est donc essentiel d'obtenir des antécédents sociaux, familiaux et médicaux complets.
  • Le traitement initial de la parodontite agressive devrait inclure le tableau clinique, des directives sur l'hygiène buccodentaire, ainsi qu'un détartrage et surfaçage radiculaire associés à une antibiothérapie systémique et suivis d'une réévaluation après 4 à 6 semaines.
  • Les antibiotiques systémiques les plus souvent utilisés sont l'association d'amoxicilline (500 mg) et de métronidazole (500 mg), pris 3 fois par jour pendant 7 à 10 jours.
  • Des résultats positifs ont été observés chez des patients atteints de parodontite agressive qui ont été traités par le débridement avec lambeau ouvert ou traitement de régénération associé à la prise d'antibiotiques systémiques. Les auteurs insistent toutefois sur l'importance de toujours commencer par un traitement non chirurgical avant d'entreprendre un traitement chirurgical.
  • Les patients atteints de parodontite agressive présentent un risque élevé de récidive, en raison peut-être des poches profondes résiduelles et de l'intensification de la réaction inflammatoire; les auteurs recommandent un traitement d'entretien mensuel durant les 6 premiers mois qui suivent la fin du traitement actif, puis tous les 2 mois durant les 6 mois suivants. Des visites de rappel à 3 mois d'intervalle sont ensuite recommandées.

Raisons de recommander cet article : Cet article offre au dentiste un bon aperçu de l'étiologie, des facteurs de risque et des options thérapeutiques de la parodontite agressive. Les auteurs y présentent les résultats documentés du traitement non chirurgical et chirurgical de la parodontite agressive et formulent des recommandations.

Quels sont les bienfaits cliniques des antibiotiques systémiques utilisés comme traitement d'appoint au détartrage et surfaçage radiculaire bouche entière?

Sgolastra F, Petrucci A, Gatto R, Monaco A. Effectiveness of systemic amoxicillin/metronidazole as an adjunctive therapy to full-mouth scaling and root planing in the treatment of aggressive periodontitis: a systematic review and meta-analysis. J Peridodontol. 2012;83: 1257-69. Epub 2012 Feb 14.

L'accès à la version intégrale de cet article est expiré.

Perle clinique du JADC : Il existe une forte association spécifique entre la parodontite agressive généralisée et la prévalence des paropathogènes Porphyromonas gingivalis, Aggregatibacter actinomycetemcomitans et Tannerella forsythia, et le traitement non chirurgical initial devrait être axé sur l'élimination de ces pathogènes. Le traitement associant le détartrage et surfaçage radiculaire (DSR) bouche entière à la prise d'antibiotiques systémiques [amoxicilline avec métronidazole (AMX/MET)] s'est révélé être le traitement de choix.

Points clés :

  • Les résultats de cette étude corroborent l'efficacité de l'association AMX/MET comme traitement d'appoint au DSR bouche entière. La méta-analyse a porté sur 181 patients provenant de 6 essais contrôlés randomisés.
  • Trois études évaluant les effets microbiologiques du DSR bouche entière, avec et sans traitement complémentaire par AMX/MET, ont révélé une diminution significative des espèces du complexe rouge et de A. actinomycetemcomitans avec les deux types de traitement et, dans une étude, le traitement par association a donné des résultats plus favorables.
  • Le traitement associant le DSR bouche entière à la prise de AMX/MET a été accompagné d'un gain marqué du niveau d'attache clinique et d'une réduction importante de la profondeur au sondage, les différences moyennes s'établissant respectivement à 0,58 mm et à 0,42 mm.
  • Aucune différence significative du risque n'a été observée entre les 2 modalités thérapeutiques, quant à la manifestation d'événements indésirables.
  • La plupart des patients ont observé rigoureusement leur traitement et, dans les quelques cas de non-observance, celle-ci a été due principalement à la manifestation de diarrhée et de vomissements.

Raisons de recommander cet article : Cet article fournit au dentiste des données probantes qui attestent des bienfaits supplémentaires d'associer la prise de AMX/MET au DSR bouche entière pour le traitement de la parodontite agressive généralisée. Le traitement par association a donné de meilleurs résultats cliniques et microbiologiques que le DSR bouche entière seul, et il devrait être pris en considération.

Dans quelle mesure la parodontite agressive généralisée influence-t-elle les taux de survie et de succès des implants?

Swierkot K, Lottholz P, Flores-de-Jacoby L, Mengel R. Mucositis, periimplantitis, implant success and survival of implants in subjects with treated generalized aggressive periodontitis: 3 to 16 year results of a prospective long-term cohort study. J Periodontol. 2012;83(10):1213-25. Epub 2012 Jan 20.

L'accès à la version intégrale de cet article est expiré.

Perle clinique du JADC : Les taux de survie et de succès des implants sont plus faibles chez les patients atteints de parodontite agressive généralisée, chez qui les risques d'échec de l'implant, de mucosite péri-implantaire  et de péri-implantite sont respectivement 5 fois, 3 fois et 14 fois plus élevés.

Points clés :

  • En raison de la plus faible prévalence de la parodontite agressive généralisée, très peu d'articles ont examiné les réactions à long terme des implants chez les patients qui en sont atteints. Cette étude de cohortes prospective à long terme comptait au départ 53 patients (179 implants), mais n'en comptait plus que 19 patients (91 implants) après 10 ans et 4  (20 implants) après 16 ans.
  • Le succès de l'implant est souvent défini différemment d'une étude à l'autre, et il est plus souvent évalué chez les patients atteints de parodontite chronique, de sorte qu'il est difficile de comparer les résultats entre les études. Si l'on se base sur les critères définis dans cet article pour évaluer le succès de l'implant, le taux de succès n'a été que de 33 % chez les patients atteints de parodontite agressive généralisée, comparativement à 50 % chez les patients ayant une bonne santé parodontale. Quant au taux de survie, il a été de 96 % chez les patients atteints de parodontite agressive généralisée, contre 100 % chez les patients en bonne santé.
  • Plus de 56 % des patients atteints de parodontite agressive généralisée ont présenté une mucosite péri-implantaire et 26 %, une péri-implantite; par comparaison, ces proportions ont été respectivement de 40 % et de 10 % chez les sujets en bonne santé.
  • La mise en place d'implant dans de l'os régénéré ou non régénéré, le type d'implant (à surface usinée ou partiellement usinée) et les dimensions de l'implant n'ont pas eu d'incidence significative sur les taux de survie ou de succès des implants, ni sur les taux de complications, de mucosite péri-implantaire ou de péri-implantite.
  • Les études à long terme font état d'une prévalence accrue de mucosite péri-implantaire et de péri-implantite chez les patients qui sont atteints de maladies parodontales et dont l'hygiène buccodentaire laisse à désirer. Bien que les facteurs précis qui contribuent à l'évolution de la mucosite péri-implantaire en péri-implantite ou à l'apparition de ces affections restent à déterminer, le respect d'un calendrier rigoureux de visites de rappel pourrait être bénéfique.
  • La mise en place d'un programme de visites de rappel régulières (tous les 3 mois) semble être efficace pour annuler les effets du tabagisme; dans cette étude, la consommation de tabac n'a pas influencé de façon importante la santé péri-implantaire des patients traités pour des maladies parodontales.

Raisons de recommander cet article : Les conclusions de cette étude s'ajoutent à nos connaissances actuelles sur les réactions à long terme des implants mis en place chez des patients atteints de parodontite agressive généralisée. Elles réitèrent en outre l'importance d'observer un programme de visites de rappel régulières afin de maîtriser l'évolution globale de la maladie et de surveiller la dégradation des tissus péri-implantaires dans cette population qui présente des risques plus élevés.

 
   


Le JADC est l'organe officiel de l'Association dentaire canadienne, offrant un dialogue entre l'association nationale et la communauté dentaire. Il sert à publier d'intéressants articles scientifiques et cliniques et à informer les dentistes sur des sujets importants pour la profession.

Notes et nouvelles

Le JADC tient à remercier chaleureusement les éditeurs des articles sélectionnés qui ont accepté de donner accès gratuitement aux articles intégraux jusqu'au 20 janvier 2013.

Periodontology 2000
(éditeur : Wiley-Blackwell)

Journal of Periodontology
(éditeur : American Academy of Periodontology)

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