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Au Canada, les enquêtes nationales sur la santé n'incluent habituellement pas de questions sur l'auto-évaluation de la santé buccodentaire et, lorsqu'il y en a, il s'agit de questions spéciales et non de mesures normalisées et validées permettant de juger des effets fonctionnels et psychosociaux des affections buccodentaires.Objectifs : Au moyen d'une mesure validée et normalisée, recueillir des données nationales sur l'incidence des troubles buccodentaires auprès d'un échantillon représentatif d'adultes canadiens et comparer les résultats obtenus à ceux d'enquêtes nationales similaires menées au Royaume-Uni et en Australie. Méthodologie : Les données ont été recueillies dans le cadre d'une enquête téléphonique à composition aléatoire. La santé buccodentaire a été mesurée à l'aide du questionnaire abrégé OHIP-14 (Oral Health Impact Profile), qui évalue la fréquence de 14 effets fonctionnels et psychosociaux dus à des problèmes liés aux dents, à la bouche ou à des prothèses au cours de la dernière année. Les réponses ont servi à calculer la prévalence et l'étendue des effets déclarés, ainsi que les indices de gravité. Résultats : Des données ont été obtenues de 3 019 répondants. La moitié environ des répondants étaient des hommes et l'âge variait de 18 à 95 ans (moyenne de 47,9 ans). Soixante-dix-neuf pour cent ont été interviewés en anglais; 21 % en français. Un peu moins de 10 % des répondants étaient édentés et un cinquième avaient au moins une prothèse. Près de 60 % avaient une assurance pour soins dentaires et les trois quarts ont dit consulter régulièrement le dentiste à des fins préventives. Un peu moins de 20 % ont dit avoir ressenti 1 ou plusieurs des 14 effets examinés, assez souvent ou très souvent au cours de la dernière année, et 5 effets ou plus ont été signalés par 88 répondants, soit 2,9 % de l'échantillon global. Les effets les plus souvent mentionnés ont été la gêne causée par l'aspect des dents ou des prothèses (6,9 %) et une douleur ressentie dans la bouche (5,4 %). De façon plus générale, 3,1 % ont indiqué que des problèmes buccodentaires nuisaient à leur qualité de vie. La prévalence des effets rapportés, de même que l'étendue des problèmes et leur indice de gravité, ont été plus élevés chez les répondants édentés (30,7 %) que chez ceux qui avaient leurs dents (18,6 %). La prévalence de ces problèmes était la plus faible (16,1 %) dans les provinces de l'Atlantique et la plus élevée (23,3 %) dans les Prairies, mais les différences n'étaient pas significatives. Les taux de prévalence, l'étendue des problèmes et les indices de gravité les plus élevés ont été observés chez les personnes qui portaient des prothèses, qui étaient couvertes par un régime public de soins dentaires ou qui ne consultaient pas le dentiste régulièrement. À titre d'exemple, 15,4 % des personnes adhérant à un régime privé de soins dentaires ont déclaré 1 ou plusieurs effets, comparativement à 24,2 % des personnes qui devaient elles-mêmes assumer le coût de leurs soins dentaires et à 36,4 % des personnes couvertes par un régime public de soins dentaires. D'importants écarts dans les revenus ont aussi été observés, 34,9 % des répondants appartenant à des ménages à plus faibles revenus ayant déclaré des effets, contre seulement 12,4 % des répondants issus des ménages aux revenus les plus élevés. La prévalence, l'étendue et les indices de gravité au Canada ont été très comparables à ceux enregistrés au Royaume-Uni et en Australie. Conclusions : Cette étude a fourni les premières données nationales sur les effets fonctionnels et psychosociaux des problèmes buccodentaires, révélant qu'un adulte canadien sur 5 en subit les effets négatifs. L'étude a aussi mis en lumière d'importantes disparités socio-économiques en ce qui a trait à la manifestation de ces effets. D'autres études devront être menées pour définir les déterminants matériels et psychologiques de la piètre auto-évaluation de la santé buccodentaire par les adultes canadiens.