Cite this as: ;:
Date
Les soins buccodentaires n'ont guère la priorité dans la politique publique du Canada. Les provinces déterminent leur niveau et leur forme de financement public ainsi que les critères d'admissibilité. Les programmes financés par l'État sont généralement restreints à des groupes spécifiques, la majorité des gens devant défrayer leurs soins dentaires eux-mêmes ou avec un régime d'assurance privé. Ainsi donc, le recours aux services augmente en fonction du revenu et non des besoins.De plus, les fournisseurs rémunérés à l'acte sont payés pour rendre des services à des clients, non pour répondre aux besoins du public. Comme on ne parle nullement des soins dentaires dans les derniers rapports sur la santé présentés au gouvernement, la prochaine réforme de la santé n'en fera sans doute pas une priorité. Nous nous penchons sur les soins dentaires de 4 pays anglophones : l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume- Uni et les États-Unis, pour voir quels messages peuvent s'appliquer à la politique du Canada visant les soins buccodentaires. Cette perspective internationale sur le financement et la prestation soulève plusieurs points.Premièrement, au Canada, les dépenses en soins dentaires par habitant sont élevées par rapport aux normes internationales. Tout problème perçu touchant leur prestation n'est pas dû à des dépenses modiques. Cependant, le financement public par habitant est faible par rapport aux normes internationales et, à l'opposé d'autres pays, représente une proportion des dépenses globales qui diminue avec le temps. L'impact de cette tendance frappe lourdement les groupes les moins prospères et, sans données nationales sur les résultats, il est difficile d'en déterminer toutes les conséquences.Deuxièmement, l'absence de programmes universels de soins dentaires pour enfants financés par l'État semble être restreinte à l'Amérique du Nord. Les méthodes pour créer de tels programmes vont des dentothérapeutes exerçant dans les écoles aux dentistes financés par l'État exerçant dans le privé; mais cette dernière méthode suscite peu l'intérêt et donne des résultats plus médiocres.Troisièmement, les fournisseurs privés répugnent de plus en plus à prendre des patients financés par l'État. C'est sans doute à cause des coûts de renonciation offerts aux dentistes qui participent à la prestation des soins financés par l'État, les taux de rémunération régis par le gouvernement ne parvenant pas à égaler le coût réel des soins de qualité ou les niveaux des honoraires privés. Aussi, améliorer l'accessibilité, surtout pour les groupes les plus pauvres, peut exiger des services offerts par l'État.Le financement public ne garantit pas l'accès aux services, surtout quand les fournisseurs choisissent où exercer et offrent un mélange de soins publics et privés. Il est peu probable que l'octroi de subventions publiques pour des régimes de soins privés soit une solution efficace pour améliorer l'accès dans le public, et les systèmes de rémunération à l'acte financés par l'État doivent être commercialement viables pour maintenir les garanties. Enfin, tout système fondé principalement sur la rémunération à l'acte peut être incompatible avec les objectifs sociaux. Ces solutions ne répondent pas aux changements qui surviennent dans le type et la distribution des besoins en soins buccodentaires au public et gênent une prestation plus efficace en équipe.Il ne s'agit pas de contrôler les revenus des dentistes, mais de choisir parmi d'autres mécanismes de paiement la solution qui favorise les objectifs sociaux tout en répondant aux attentes des dentistes touchant leurs gains et les modèles d'exercice durables. Ces résultats constituent une première étape pour renseigner les décideurs qui désirent exploiter au mieux les ressources en soins dentaires.