Combler l’écart entre les régions rurales et urbaines

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Dr Ronald G. Smith

L'arrivée de l'été et les trajets pour se rendre au chalet ou à un terrain de camping évoquent des images des charmantes petites villes qui agrémentent les paysages de notre merveilleux pays. J'habite depuis longtemps l'une de ces villes et, à mon avis, elles ont beaucoup plus à offrir que ce que les touristes peuvent y vivre. Malheureusement, les gens qui habitent dans les régions les plus éloignées du Canada peuvent trouver de plus en plus difficile d'avoir accès aux soins buccodentaires; il faudrait qu'un plus grand nombre de dentistes choisissent d'exercer dans ces endroits.

Au Canada, la main-d'oeuvre dentaire n'est pas distribuée également. Selon un rapport de 2007 par l'Institut canadien d'information sur la santé, seulement 11 % des dentistes canadiens vivent dans des régions rurales et des petites villes, comparativement à presque 21 % de la population. Bien que nous ne soyons pas le seul secteur de la santé aux prises avec ce problème de ressources humaines, la dentisterie devrait prendre des mesures concrètes pour prévenir ce déséquilibre à l'avenir.

Les dentistes qui exercent actuellement dans ces régions rurales et plus éloignées ont du mal à trouver des collègues voulant les remplacer dans des cabinets prospères. Je trouve curieux que les jeunes dentistes ne considèrent pas ces régions quand ils ont à décider d'exercer à pourcentage ou d'acheter un cabinet. Suivant les forces du marché économique, les cabinets mis en vente dans ces régions sont d'un prix beaucoup plus abordable que ceux situés dans des grands centres urbains. Les frais d'exploitation du cabinet – sans parler des dépenses liées au coût de la vie – sont également moindres.

Lorsque de jeunes dentistes sont venus dans ma petite ville de Duncan (population : 5000), en Colombie-Britannique, à titre de suppléants ou d'internes, j'ai toujours tenté de leur montrer comment le mode de vie peut y être attrayant. Le rythme et la qualité de vie sont très désirables. De même, servir les gens en qualité de dentiste permet de gagner le respect de la collectivité. Vous pouvez occuper un poste important dans la région parce que si vous traitez vos patients avec respect, ils vous tiennent en retour en haute estime.

Ainsi donc, comment la profession dentaire peut-elle faire un effort concerté afin d'encourager plus de dentistes à songer à servir des collectivités situées en dehors des grandes zones urbaines?

Plusieurs associations dentaires provinciales instaurent des programmes de mentorat permettant à des dentistes d'expérience de transmettre à leurs jeunes collègues une partie du précieux savoir professionnel qu'ils ont acquis – y compris des messages touchant les occasions qui existent en dehors des zones urbaines.

Par ailleurs, nous pouvons prendre des mesures concrètes dans nos facultés de médecine dentaire. En mai 2010, le Bureau du dentiste en chef a tenu un atelier pour étudier les répercussions des problèmes de ressources humaines sur l'accès aux soins dans les collectivités éloignées. Les participants comprenaient des représentants de l'ADC, des facultés de médecine dentaire, des organismes de réglementation dentaire, d'agences et de comités gouvernementaux, de la santé publique, de l'Assemblée des Premières nations, ainsi que des organismes de dentothérapeutes et d'assistantes.

À l'atelier, on s'est entendu sur la nécessité de sensibiliser davantage les étudiants en médecine dentaire touchant le devoir social et moral d'offrir des soins buccodentaires dans les régions rurales et éloignées. De plus, on a proposé qu'il conviendrait de revoir les critères de sélection des étudiants en médecine dentaire afin de déterminer s'il faudrait, dans la procédure d'admission, accorder plus de place à des facteurs autres que les notes (p. ex., des expériences passées à titre bénévole ou humanitaire, du travail auprès des populations vulnérables). Le Conseil d'administration de l'ADC a accepté d'inscrire le problème de la prestation des services dans les régions rurales à l'ordre du jour d'un prochain Forum des dirigeants en dentisterie afin de poursuivre le débat à ce sujet.

Il est évident qu'il n'y a pas de solution simple pour un problème multidimensionnel de ce genre. Personnellement, j'incite les jeunes dentistes à songer à ouvrir un cabinet dans les régions en dehors des grandes zones urbaines. Vivre et exercer en région rurale a été une partie enrichissante et gratifiante de ma vie, et j'espère que d'autres choisiront de servir ces collectivités à l'avenir.

Ronald G. Smith, DDS
president@cda-adc.ca