Le courriel : pas la panacée
De nos jours, le courriel sert à confirmer des rendez-vous, à discuter d’options de traitement avec des patients et à parler d’un dossier avec des collègues. En 2006, 43 % des cabinets de dentiste utilisaient le courriel1 et ce pourcentage a sans doute encore augmenté. Deux écueils guettent pourtant la transmission de renseignements médicaux personnels par courriel : le manque d’interopérabilité et l’atteinte possible à la confidentialité et à la sûreté des données.
Interopérabilité
Le secteur de la santé adopte peu à peu des systèmes interopérables, qui seront compatibles pour partager et stocker des renseignements cliniques. Or, le courriel ne peut assurer l’interopérabilité des dossiers. En effet, le versement de renseignements reçus par courriel dans le dossier d’un patient, comme les traitements administrés, les diagnostics et les médicaments, ne se fait pas seul. Même si on copiait et collait cette information dans le dossier, celui-ci ne serait pas interopérable pour autant.
L’interopérabilité d’un dossier permettrait aux dentistes, en un seul clic, de voir les antécédents médicaux d’un patient provenant d’autres cabinets et d’ajouter diagnostics et plans de traitement. Toute l’équipe de soins buccodentaires participant au traitement et le patient auraient ainsi accès au dossier.
L’interopérabilité faciliterait aussi la tâche des dentistes. Si un patient oublie le nom d’un médicament qu’il prend, le dentiste n’aurait qu’à consulter son dossier pour obtenir au même endroit toute l’information à jour. Il ne serait plus nécessaire de fouiller dans une pile de rapports pour y trouver un petit renseignement crucial.
L’interopérabilité permettrait aussi aux dentistes de recueillir des données sur divers aspects des soins buccodentaires. Une analyse de ces données pourrait mettre en lumière des éléments pour faire avancer la médecine dentaire. Au lieu de compiler des renseignements à partir d’enquêtes et de questionnaires, les dentistes pourraient aisément extraire l’information contenue dans les dossiers dentaires.
Confidentialité et sûreté
Dans les chroniques antérieures, j’ai mentionné qu’à mon avis bien des dentistes n’ont pas les connaissances nécessaires pour s’assurer de respecter les exigences fédérales, provinciales et réglementaires visant la confidentialité et la sûreté des données. Le recours à un service de courriel grand public soulève des questions, qui restent souvent sans réponse, dont :
- À qui appartiennent les données?
- Où sont stockées les données et les copies de sauvegarde?
- Qui a accès à vos messages?
- Votre compte info@cabinet laisse-t-il des traces de contrôle convenables si tout le personnel du cabinet a le mot de passe?
- Votre service de courriel grand public est-il assez sûret répond-il aux exigences réglementaires?
Solution : le service eReferral Pilot
L’ADC reconnaît les défis que représente la gestion des dossiers électroniques pour les dentistes et la médecine dentaire. Avec l’appui de l’ADC, Continovation Services (ITRANS) a lancé un service de communication centralisé et sûr. Le service eReferral Pilot (un service de stockage et de partage de données ainsi que d’aiguillage électronique) excède les exigences visant la tenue de dossiers et celles des lois changeantes sur la protection de la confidentialité. Il est gratuit pour les membres de l’ADC et le personnel de leur cabinet. J’invite les dentistes à s’y inscrire au www.ereferralpilot.com. Ce portail atténuera les risques pour les dentistes lors du partage d’information et améliorera l’efficacité des pratiques.
Référence
- Schleyer TKL, Thyvalikakat TP, Spallek H, Torres-Urquidy MH, Hernandez P, Yuhaniak J. Clinical Computing in General Dentistry. J Am Med Inform Assoc. 2006;13(3):344-52.