Traitement de l’engourdissement facial unilatéral

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Engourdissement facial unilatéral

Causes possibles en cas d’apparition soudaine

  • Traumatisme (incluant une chirurgie dentaire)
  • Infection aigüe [bactérienne ou virale (p. ex. virus varicelle-zona)]
  • Évènement vasculaire (p. ex. hémorragie cérébrale ou infarctus cérébral)
  • Affection maligne

Causes possibles en cas d’apparition graduelle

  • Pathologie localisée ou maladie métastatique
  • Apparition d’une maladie systémique (p. ex. sclérose en plaques, neuropathie diabétique, anémie grave)
  • Affection maligne

Tableau clinique

Population

  • Trouble plus fréquent chez les adultes d’âge moyen ou âgés, pouvant toutefois se manifester à tout âge.

Signes

  • Engourdissement dû à un traumatisme ou à une fracture :
    • Masse ou tuméfaction 
    • Contusion, lacération ou saignement
    • Déformation en marche d’escalier ou déformation progressive de la mâchoire
    • Hyperesthésie (hypersensibilité au toucher)
    • Changement dans l’occlusion (malocclusion)
  • Engourdissement dû à une infection :
    • Fièvre, malaise
    • Œdème
    • Douleur, sensibilité au siège de l’engourdissement
    • Érythème
    • Adénopathie
  • Engourdissement dû à une tumeur :
    • Localisée : masse, destruction osseuse
    • Métastatique : masse, destruction osseuse, adénopathie, tumeur primaire connue ou premier signe d’une tumeur à distance (ill. 1 et 2)
  • Engourdissement dû à une affection maligne systémique (p. ex. leucémie ou lymphome) :
    • Fatigue, saignement, pâleur, contusion, sueurs nocturnes, adénopathie, perte rapide de poids et infection
    • Cancers primitifs courants pouvant former des métastases dans la mâchoire : cancers du sein, de la prostate, du côlon, des poumons et du rein
  • Engourdissement dû à une neuropathie périphérique d’origine médicamenteuse :
    •  L’engourdissement est plus souvent bilatéral, mais peut s’accompagner de symptômes unilatéraux (p. ex. les produits chimiothérapeutiques associés à la neuropathie périphérique incluent les alcaloïdes de la pervenche, les taxanes, les médicaments à base de platine, le dilantin et la thalidomide) 
  • Engourdissement dû à un évènement vasculaire :
    • Désorientation, comportements inhabituels (p. ex. au niveau de la démarche, du langage ou de la coordination; maniérismes)
    • Apparence asymétrique (p. ex. affaissement)
    • Altération du langage (p. ex. trouble de l’élocution, bave)


Ill. 1 : Panorex visant à évaluer l’inconfort ressenti dans la région molaire inférieure droite et les antécédents d’engourdissement des lèvres. La patiente (âgée de 62 ans) avait des antécédents de cancer du sein. Malgré une restauration conservatrice et l’absence de caries, le dentiste a pratiqué un traitement endodontique. (a) La radiographie prise avant le traitement de canal montre une radiotransparence périapicale au niveau de la molaire inférieure et une restauration occlusale conservatrice, sans signe de carie évolutive. (b) Un traitement endodontique a été pratiqué malgré l’absence de pathologie dentaire au niveau de la molaire. (c) Panorex montrant la radiotransparence toujours présente après le traitement endodontique. Symptômes encore présents après le traitement; il s’agit d’un cas de métastases dans la mâchoire. 




Ill. 2 : Radiographies prises pour évaluer une douleur dans la mâchoire et l’engourdissement des lèvres. Le patient (âgé de 68 ans) avait été traité pour un cancer de la prostate. Lésion radioclaire s’étendant jusqu’au bord inférieur du maxillaire inférieur, avec risque de fracture pathologique. 



Symptômes

Intensité de la douleur :

  • La douleur ou l’engourdissement peuvent d’abord être intermittents, puis devenir progressifs et persistants
  • La douleur peut varier d’asymptomatique à intense

Investigation

  • Exclure les pathologies dentaires ou buccales localisées (y compris les étiologies liées à des procédures dentaires, les infections dentaires et les tumeurs localisées) :
    • Obtenir des antécédents médicaux et dentaires complets : interroger le patient sur l’apparition et la durée du problème et sur son évolution au fil du temps, sur ses antécédents de traumatismes, sur l’évolution quotidienne de l’engourdissement (si épisodique et cyclique), ainsi que sur les facteurs qui aggravent ou atténuent les symptômes (p. ex. manger, avaler, parler).
    • Faire un examen extra-buccal (tête et cou) et intra-buccal complet.
    • Obtenir les examens radiographiques appropriés (radiographies dentaires, tomodensitométrie, IRM, échographies et clichés simples).
    • Faire un examen à la recherche de signes localisés et systémiques d’infection (douleur, tuméfaction, érythème, adénopathie, fièvre, etc.).

Diagnostic

Le diagnostic repose sur l’examen clinique, les antécédents médicaux, les analyses de laboratoire appropriées (pouvant inclure une biopsie des lésions détectées) et l’imagerie diagnostique (pouvant inclure l’imagerie dentaire et médicale). Si aucun problème dentaire n’est diagnostiqué, diriger le patient vers le spécialiste compétent afin d’exclure toute infection, tumeur, affection systémique ou tumeur maligne à distance.

Diagnostic différentiel

  • Infection aigüe importante (bactérienne ou virale)
  • Traumatisme
  • Tumeur localisée ou métastatique
  • Maladie systémique (p. ex. sclérose en plaques, diabète, carence vitaminique grave, anémie grave). En général, l’atteinte est bilatérale ou touche de nombreux sites dans les cas d’affections systémiques, bien que la localisation puisse être asymétrique au début
  • Événements vasculaires cérébraux
  • Maladies auto-immunes (p. ex. sida, syndrome de Sjögren)
  • Troubles génétiques (p. ex. amylose, neuropathie sensitive héréditaire)
  • Troubles d’origine professionnelle (p. ex. exposition à des engrais, des pesticides, des solvants ou des métaux lourds)
  • Troubles iatrogènes (p. ex. produits chimiothérapeutiques)
  • Intoxication (p. ex. arsenic, thallium)

Traitement

L’importance des symptômes exige souvent l’aiguillage du patient :

  • Infection : Traitement initial fréquent en cas de pathologie buccodentaire possible : Si la masse est mobile, pratiquer une incision dans la zone tuméfiée et drainer.
  • Traumatisme : Traiter le traumatisme et soulager la douleur.
  • Tumeur : Soulager la douleur et diriger le patient vers un professionnel médical ou dentaire compétent.

Les auteurs

 

Le Dr Epstein est directeur du service médecine buccale à la division d’oto-rhino-langyngologie et directeur de la chirurgie de la tête et du cou au centre de cancérologie City of Hope, à Duarte (Californie), membre du personnel au Samuel Oschin Comprehensive Care Institute du centre médical Cedars-Sinai (Los Angeles) et exerce médecine buccale en pratique privée à Vancouver.

 

Le Dr Sanders est directeur médical, service d’oncologie dentaire, programme régional de cancérologie de Sudbury, Sudbury (Ontario).

Écrire au : Dr. Joel Epstein, City of Hope, 1500 East Duarte Road, Duarte, California, USA, 91010

Les auteurs n’ont aucun intérêt financier déclaré.

Cet article a été révisé par des pairs.

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