Prise en charge d'un patient atteint de péricoronarite

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Péricoronarite

Infection aigüe ou chronique de la muqueuse et de la gencive d'une dent en éruption incomplète. Les bactéries communément associées à la péricoronarite sont les streptocoques à hémolyse α, comme Prevotella, Veillonella, Bacteroides et Capnocytophaga. Non traitée, la péricoronarite peut passer d'une infection localisée à une infection grave et potentiellement mortelle.

Tableau clinique

Population

Adultes de tous âges chez qui une dent n'est qu'en éruption partielle. L'incidence de péricoronarite est plus élevée chez les jeunes adultes de 21 à 25 ans, âge auquel les troisièmes molaires percent habituellement.

Signes

Péricoronarite aigüe

  • Tuméfaction
  • Traumatisme constant de la gencive enflammée : les tissus gingivaux œdémateux entourant le trigone rétromolaire peuvent toucher les molaires opposées
  • Exacerbation de l'halitose en raison de la présence de bactéries anaérobie
  • Écoulements purulents
  • Signes systémiques, comme une lymphadénopathie régionale et une faible fièvre

Péricoronarite chronique

Une poche parodontale peut être le seul signe d’une péricoronarite asymptomatique.

Symptômes

  • Inconfort causé par le foulage alimentaire sous les tissus gingivaux avoisinants, tension physique ou goût désagréable en bouche et halitose
  • Malaise généralisé
  • Intensité de la douleur : très douloureux dans les cas de péricoronarite aigüe. Selon la gravité de l'infection, la douleur ressentie peut aller d'une sensibilité ou d'un inconfort localisés à une douleur pulsatile importante irradiant aux oreilles, au nez, à la gorge et à la tête.

Investigation

  1. Confirmer la présence de péricoronarite aigüe.
    • Atteinte des régions molaire et rétromolaire
    • Douleur, spontanée ou provoquée
    • Tuméfaction gingivale au niveau de la dent atteinte
    • Tuméfaction extra-buccale localisée
    • Goût désagréable en bouche et halitose
    • Écoulements purulents au niveau de la région infectée
    • Trismus
  2. Évaluer le niveau de comfort du patient et réaliser des radiographies, Des radiographies rétroalvéolaires et rétrocoronaires peuvent comfirmer ou exclure la présence de caries et d'atteinte de la pulpe comme source première de la douleur.
  3. Déterminer la gravité de la péricoronarite et de l'atteinte des structures adjacentes.
    • Vérifier la présence d'angine de Ludwig ou de cellulite faciale.
    • Déterminer s'il y le patient a une enflure du visage, une élévation de la langue, de la difficulté à respirer, de la douleur ou une tuméfaction au niveau du cou. Le cas échéant, référer le patient au service d'urgence de l'hôpital le plus près afin de dégager ses voies respiratoires et de lui administrer une antibiothérapie systémique.

Diagnostic

Selon les signes et l'examen clinique, un diagnostic de péricoronarite aigüe ou chronique est établi.

Diagnostic différentiel

  • Maladie parodontale
  • Atteinte des structures anatomiques adjacentes causant un trismus, une dysphagie, une odynophagie ou une otalgie

Traitement

Traitements initiaux courants

  1. Prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens comme traitement initial dans les cas localisés.
  2. Pratiquer le débridement sans anesthésie locale, si la situation le permet et que la douleur est supportable.
  3. Prescrire des antibiotiques afin d'éliminer la charge bactérienne : amoxicilline associée à de l'acide clavulanique (125 mg toutes les 12 heures, pendant 7 jours).
    Un traitement antimicrobien est indiqué dans les cas de péricoronarite aigüe purulente et chez les patients à haut risque d'infection.
  4. Après élimination de l'infection aigüe, extraire chirurgicalement la molaire atteinte.
    Éviter les dissections importantes des tissus gingivaux à l’aide d’instruments peu ou pas tranchants, afin de ne pas répandre l'infection superficielle aux espaces profonds de la tête et du cou.
  5. Donner comme instruction au patient d'irriguer sous les tissus gingivaux de la dent atteinte à l'aide d'une solution de peroxyde d'hydrogène de faible concentration (2 %).
  6. Mettre l'accent sur l'importance de bien se nettoyer la bouche afin de déloger tout aliment qui pourrait s'accumuler sous le lambeau gingival.

L’auteur

 

Le Dr Nuwwareh est agent de recherche clinique à l'Agence canadienne des médicaments et des technologies de la santé. Il se spécialise en parodontie et en méthodologie de la recherche clinique et de l'épidémiologie.

Écrire au : Dr. Samer Nuwwareh, 600–865 Carling Avenue, Ottawa, ON, Canada, K1S 5S8. Courriel : Samer.Nuwwareh@gmail.com

L’auteur n’a aucun intérêt financier déclaré.

Cet article a été révisé par des pairs.

Ressources suggérées

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