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Déplacement du disque avec « blocage », sans réduction et avec limitation d'ouverture
- Trouble fonctionnel de l'articulation temporomandibulaire (ATM), qui fait partie de la vaste catégorie des dérèglements du complexe condylo-discal.
- En position « bouche fermée », le disque est en position antérieure par rapport à la tête du condyle et il ne se réduit pas lors de l'ouverture de la mâchoire. Il peut également y avoir déplacement du disque en position médiane ou latérale. Ce trouble est associé à une limitation de l'ouverture de la mâchoire, car le disque obstrue mécaniquement le déplacement du condyle.
- Les dérèglements du complexe condylo-discal sont considérés comme un sous-groupe des problèmes temporomandibulaires (PTM).
Tableau clinique
Population
- Trouble plus fréquent chez les jeunes adultes et les adultes d'âge moyen
- Environ deux fois plus répandu chez les femmes que chez les hommes
- Trouble souvent spontanément résolutif ou fluctuant au fil du temps
- Le déplacement du disque sans réduction avec limitation d'ouverture est peu fréquent
- Son évolution en un PTM intracapsulaire chronique et invalidant se produit rarement
Signes
- Ouverture maximale assistée (étirement passif) inférieure à 40 mm, incluant le chevauchement vertical des incisives
- Déviation ipsilatérale du côté atteint du maxillaire inférieur à l'ouverture et en protrusion
- Restriction des mouvements du côté controlatéral (articulation normale)
- Absence de bruits intracapsulaires (claquements ou craquements), à moins de troubles chroniques associés à des changements au niveau des surfaces osseuses
Symptômes
- Les patients mentionnent souvent :
- le moment précis où s'est produit le « blocage » et ils peuvent l'associer à un évènement précis;
- des antécédents de bruits intracapsulaires (claquements ou craquements), bruits qui ont depuis disparu.
- Il peut ou non y avoir de la douleur. Lorsque présente, la douleur est souvent localisée à la zone préauriculaire.
- La douleur peut être décrite comme vive, soudaine et (parfois) intense et elle est étroitement associée aux mouvements articulaires, en particulier au point limite des mouvements.
- En présence d'inflammation, la douleur peut être constante, sourde ou pulsatile, même au repos, et être exacerbée par les mouvements et une mise en charge de l'articulation.
- Le patient est préoccupé par la réduction soudaine des mouvements mandibulaires, causée par le blocage.
Investigation
- Recueillir des antécédents médicaux et dentaires complets, y compris des détails sur la douleur et le dérèglement.
- Faire un examen de la tête et du cou (sensibilité au niveau des nerfs crâniens, des muscles et des articulations; bruits articulaires; amplitude de mouvement de la mâchoire) et de la région intrabuccale (dents, gencives, tissus mous buccaux), pour exclure toute pathologie locale ou autre source de douleur et évaluer la fonction articulaire.
- L'application d'une force vers le bas sur les incisives inférieures augmente peu, ou pas, l'amplitude d'ouverture (sensation d'arrêt de mouvement dur).
- En général, le degré de limitation de l'ouverture de la bouche (ouverture interincisive maximale), causée par le dysfonctionnement musculaire, varie. Cependant, l'application d'une légère force passive sur les incisives inférieures permet généralement d'augmenter l'amplitude d'ouverture (sensation tendre de fin de mouvement).
- La mise en charge de l'articulation atteinte est souvent douloureuse.
- Confirmer le diagnostic par une imagerie par résonance magnétique (IRM) de l'ATM.
- En position d'intercuspidation maximale, la bande postérieure du disque est antérieure par rapport à la position 11:30 et la zone intermédiaire du disque est antérieure à la tête du condyle.
- En ouverture complète, la zone intermédiaire du disque est en position antérieure par rapport à la tête du condyle.
- Déterminer si le déplacement du disque sans réduction et avec limitation d'ouverture (blocage) est un état aigu ou chronique.
- Le tableau clinique devient moins clair lorsque le déplacement est chronique, car il y a élongation des ligaments et altération de la morphologie du disque, ce qui permet une plus grande amplitude de mouvement. Cet état peut alors être considéré, à tort, comme un déplacement du disque sans réduction et sans limitation d'ouverture.
Diagnostic
Le diagnostic de déplacement du disque sans réduction, avec limitation d'ouverture, est basé sur les antécédents, l'examen clinique et les analyses du patient.
Diagnostic différentiel
- Affections courantes
- Myalgie masticatoire
- Myosite
- Arthrose de l'ATM (maladie articulaire dégénérative)
- Tendinite du temporal
-
Affections moins courantes
- Ankylose de l'ATM
- Hyperplasie de l'apophyse coronoïde
- Rétraction tendineuse/musculaire
- Chondromatose synoviale
- Fibrose capsulaire
- Polyarthrite
- Troubles des tissus conjonctifs
- Néoplasie
- Traumatisme/fracture
Traitement
Le traitement des cas aigus peut différer de celui des cas chroniques.
Traitements initiaux courants
Cas aigus
- Patient ressentant un blocage depuis une semaine ou moins.
- Envisager de diriger le patient vers un spécialiste en médecine buccale ou un spécialiste en chirurgie buccale et maxillofaciale.
- Envisager une manipulation manuelle pour tenter de rétablir la relation normale entre le disque et le condyle. Si cette manœuvre réussit, le patient pourrait ensuite porter un appareil de positionnement antérieur pendant deux à quatre jours, puis le porter uniquement la nuit. Le port d'un appareil de stabilisation nocturne pourrait être envisagé, une fois l'articulation stabilisée.
- Si l'état du patient ne s'améliore pas malgré les recommandations précitées, une chirurgie minimalement invasive (arthrocentèse/arthroscopie) pourrait être envisagée pour rétablir la relation fonctionnelle normale entre le disque et le condyle. Le traitement devra être suivi de traitements conservateurs de soutien.
- Traitements conservateurs de soutien :
- Conseiller au patient d'éviter de mastiquer des aliments durs ou de croquer dans de tels aliments, de cesser ses habitudes parafonctionnelles (serrer les dents, grincer des dents, mâcher de la gomme, se ronger les ongles) et d'éviter dans l'ensemble les activités qui aggravent son état.
- Conseiller au patient d'effectuer de légers exercices contrôlés de la mâchoire, à l'intérieur d'une amplitude de mouvements qui ne cause pas de douleur, car cela pourrait aider à rétablir l'amplitude d'ouverture.
- Envisager l'application de chaleur humide ou de glace sur la zone préauriculaire symptomatique. La chaleur ne devrait pas être appliquée après un traumatisme aigu (survenu il y a moins de 72 heures).
- Prescrire un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) pendant une courte durée pour le soulagement de la douleur et la résolution de l'inflammation.
- Fabriquer un appareil de stabilisation à porter la nuit.
- Recommander au patient de consulter un physiothérapeute ayant une connaissance des PTM pour aider à soulager la douleur et à rétablir l'amplitude d'ouverture.
Cas chroniques
- Diriger le patient vers un spécialiste en chirurgie buccale et maxillofaciale si le patient présente un « blocage » chronique et si les traitements de soutien conservateurs utilisés jusque-là ont échoué. Ce spécialiste examinera les options possibles en matière de traitement chirurgical définitif.
- Recommander au patient de consulter un physiothérapeute ayant une connaissance des PTM pour aider à soulager la douleur et à rétablir l'amplitude d'ouverture.
Autres traitements
- Une anesthésie tronculaire du nerf auriculo-temporal peut être tentée pour établir une distinction entre les diagnostics primaires de douleur articulaire et de douleur musculaire.
Conseils
- La prise en charge des patients doit prendre en compte les principes de l'orthopédie, de la santé musculosquelettique et de la médecine de réadaptation et elle requiert une expérience dans la prise en charge des PTM.
- Les patients doivent être renseignés sur cet état, car bon nombre tentent de forcer l'ouverture de leur bouche, ce qui a pour effet d'aggraver les dommages aux tissus intracapsulaires et risque d'exacerber la douleur.
- Les patients doivent être rassurés et savoir que les conséquences à long terme de cet état sont minimes, la majorité des patients recouvrant au moins une partie de leur amplitude d'ouverture initiale.