Il est de plus en plus évident que des problèmes existent concernant les soins communautaires de santé buccodentaire prodigués aux personnes ayant une déficience intellectuelle. Ce groupe représente près de 1 % de la population. Bien que la littérature indique que le nombre de cas de carie dentaire chez ce groupe est inférieur ou égal à celui observé chez la population en général, beaucoup de ces cas ne sont pas traités, et le traitement utilisé le plus souvent est l'extraction.Suite à la fermeture d'établissements pour personnes ayant une déficience intellectuelle dans les années 1970 et 1980, la plupart des provinces ont supposé que des praticiens dentaires exerçant au sein de la collectivité seraient prêts et aptes à répondre aux besoins de ce groupe en matière de soins dentaires préventifs et restaurateurs.Certains prétendent toutefois que la santé buccodentaire de cette population s'est détériorée depuis la désinstitutionnalisation, en raison de l'accès inexistant à des soins dentaires complets.Une part importante (40 %) des hospitalisations de jour de personnes ayant une déficience intellectuelle en Ontario est attribuable à des maladies buccodentaires. Dans le présent article, nous examinons si les taux de procédures dentaires effectuées en milieu hospitalier sont répartis équitablement en Ontario et tentons de trouver des explications possibles aux résultats.Méthodologie : Nous avons mené une analyse rétrospective des données habituellement recueillies sur les hospitalisations. Des données recueillies par des hôpitaux de l'Ontario entre 1995 et 2001 ont été obtenues auprès de l'Institut canadien d'information sur la santé. Plus de 40 000 dossiers de personnes hospitalisées ayant une déficience intellectuelle et âgées de 20 à 64 ans ont été analysés.Les taux d'actes dentaires ajustés selon l'âge et le sexe ont été calculés à l'aide de la méthode directe d'ajustement et des estimations de la population de l'Ontario selon le Recensement de 1996. Trois mesures sommaires différentes ont été utilisées pour évaluer les écarts régionaux.Résultats : Les procédures dentaires représentent 40 % des chirurgies de jour pratiquées sur des personnes ayant une déficience intellectuelle, l'extraction étant la procédure la plus courante. Le taux de procédures dentaires effectuées chez ce groupe de personnes dans des hôpitaux ontariens était de 2534,3 procédures pour 100 000 personnes (soit environ 25 pour 1000).Les régions de Hamilton-Wentworth et de Quinte-Kingston et Rideau affichaient des taux considérablement inférieurs au taux global de l'Ontario. Les 3 régions qui affichaient les taux les plus élevés étaient Niagara, Essex-Kent et Lambton, ainsi que Durham-Haliburton-Kawartha et Pine Ridge; ces taux étant supérieurs au taux global de l'Ontario.Conclusions : Le recours à des chirurgies et à des hospitalisations de jour pour le traitement de maladies buccodentaires chez des personnes ayant une déficience intellectuelle varie considérablement selon les régions en Ontario. Bien que celuici puisse en partie s'expliquer par le besoin fréquent de mettre certaines de ces personnes sous sédation ou de les anesthésier pour effectuer des procédures dentaires en toute sécurité, les écarts régionaux observés peuvent indiquer une répartition inégale. Une attention accrue aux régions affichant des taux faibles pourrait contribuer à définir la prestation future de soins dentaires à cette population dans la collectivité.