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Nous observons depuis quelques années une augmentation de l'administration de benzodiazépines par voie orale (avec ou sans protoxyde d'azote), pour réduire l'anxiété et la crainte périopératoires chez les patients dentaires. Les organismes de réglementation dentaire ont modifié leurs règlements ou en ont élaboré de nouveaux pour encadrer la formation et l'équipement nécessaires pour offrir la sédation consciente par voie orale (également désignée sédation modérée) en cabinet. Bien que la réglementation régissant cette pratique varie considérablement quant aux exigences en matière de formation et de stratégies pharmacologiques, elle est uniforme sur d'autres aspects, notamment sur l'utilisation de médicaments essentiellement sans danger, l'utilisation de l'oxymétrie pulsée et la disponibilité de matériel d'urgence, incluant des antagonistes pharmacologiques.Les relevés des moniteurs de l'index bispectral (BIS), qui utilisent des signaux électroencéphalographiques, permettent d'établir une corrélation précise avec la profondeur de la sédation durant une anesthésie générale non dissociative pratiquée chez des adultes et des enfants en salle d'opération. La mise à profit de l'utilité de ce monitorage comme complément aux autres formes de surveillance utilisées durant la sédation orale en cabinet dentaire pourrait constituer la prochaine application importante de cet outil, en procurant un niveau de sécurité additionnel pour les patients et un élément de prévisibilité supplémentaire pour les praticiens. Objectif : Mener une étude par observation dans un cabinet de dentisterie générale utilisant essentiellement la benzodiazépine triazolam comme sédatif oral, pour déterminer l'utilité de la surveillance du BIS comme complément à l'oxymétrie pulsée et au monitorage de la tension artérielle durant la sédation orale de patients adultes et évaluer les effets d'une dose de triazolam spécifique du patient (déterminée à partir des mesures du moniteur du BIS). Matériel et méthodologie : Du triazolam a été administré pour une sédation orale en cabinet à un échantillon de commodité constitué de 18 adultes (dont 2 ont été vus 2 fois) qui répondaient aux critères d'inclusion. Onze patients (représentant 12 procédures dentaires) ont reçu une dose unique de triazolam par voie orale et 7 (représentant 8 procédures) ont nécessité une dose supplémentaire pour atteindre un niveau de sédation jugé cliniquement acceptable par le patient et le dentiste. En plus des méthodes classiques de surveillance (c.-à-d. observation directe, oxymétrie pulsée, monitorage de la tension artérielle), les chercheurs ont aussi utilisé le monitorage non invasif du BIS pour évaluer les effets du triazolam par voie orale chez ces patients, au moyen du moniteur A-2000 Bispectral Index avec plate-forme XP et capteurs Quatro d'Aspect Medical Systems (Aspect Medical Systems Inc., Norwood, MA). Résultats : La totalité des 20 procédures à l'étude ont été exécutées sans aucun événement indésirable dû à la sédation, et l'usage du moniteur BIS a été bien toléré. La dose totale dans le groupe à dose unique n'a pas dépassé 0,5 mg et dans le groupe ayant reçu une dose supplémentaire, elle n'a pas dépassé 0,75 mg. Dans ces 2 groupes, l'index BIS a varié respectivement de 62 à 97 (échelle sans unité) et de 62 à 98. Conclusions : Dans cette étude, le monitorage du BIS s'est révélé un complément objectif utile pour quantifier la profondeur de la sédation orale chez des adultes traités en cabinet de dentisterie générale. D'autres recherches devront maintenant être menées pour évaluer l'applicabilité de l'index BIS durant la sédation orale d'adultes subissant des procédures dentaires et déterminer les seuils optimaux de sédation (minimale et modérée).