Je rentre de Salvador da Bahia, au Brésil, où j'ai dirigé la délégation de l'ADC au congrès mondial annuel de la Fédération dentaire internationale (FDI). Cette année, des représentants de plus de 130 pays ont pris part à cet événement, donnant voix à près de 1 million de dentistes des quatre coins du monde. Pour l'ADC, ce congrès constitue une occasion de nouer le dialogue avec des chefs de file du secteur de la dentisterie provenant de ces pays, d'échanger des idées avec eux, de discuter des défis à relever et de proposer des solutions aux enjeux auxquels la profession est confrontée. De tels événements internationaux permettent de constater que les enjeux de la dentisterie transcendent largement les frontières.
Par exemple, l'élaboration de politiques à l'étranger touchant l'exploitation du mercure pourrait avoir une grande incidence sur la dentisterie canadienne. Le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) s'affaire à conclure un traité juridiquement contraignant qui restreindra l'exploitation du mercure et les activités commerciales connexes dans le monde. Le PNUE a fixé un objectif de réduction de l'approvisionnement mondial en mercure de 50 % d'ici 2013 par rapport à 2005. Une mesure législative aussi vaste pourrait restreindre l'accès à l'amalgame dentaire dans le monde.
Si le mercure de l'amalgame dentaire ne représente qu'une infime partie du mercure qui pourrait se retrouver dans l'environnement à cause d'un mauvais stockage ou d'une élimination irrégulière, l'amalgame est pourtant souvent inclus dans les mêmes mesures législatives qui visent l'exploitation minière et l'utilisation industrielle du mercure. La FDI a choisi d'agir par anticipation dans ce dossier et s'est jointe au Partenariat mondial sur le mercure du PNUE pour s'assurer que le point de vue du secteur mondial de la dentisterie sera bien représenté dans tous les pourparlers des Nations Unies sur le mercure.
Même si les dentistes canadiens ont souvent le privilège de pouvoir choisir parmi plusieurs matériaux de restauration, tel n'est pas le cas dans bien des pays. La FDI a insisté auprès des Nations Unies sur le fait que les composites dentaires ne constituent actuellement pas un matériau d'obturation viable sur le plan économique dans bien des régions du monde, particulièrement dans les pays en développement où ils poseraient des défis d'ordre clinique, logistique et économique.
Au Brésil, l'assemblée générale de la FDI a adopté une résolution stipulant clairement que l'amalgame est un matériau de restauration sûr et hautement efficace. Il serait inconsidéré d'en cesser progressivement l'utilisation avant qu'un matériau de restauration de rechange convenable ne soit accessible à grande échelle. Le Canada a joué un rôle important dans ces discussions, menées par le dentiste en chef de notre pays, le Dr Peter Cooney, qui siège aussi au groupe de travail de la FDI sur l'amalgame dentaire.
En participant à de telles discussions, je me suis rendu compte à quel point les difficultés auxquelles notre profession est confrontée dans le monde sont complexes et interconnectées. Nous sommes tous touchés par ce qui se passe dans le secteur de la santé à l'échelle internationale. L'ADC se tient au courant des faits nouveaux en entretenant de solides liens avec des organismes nationaux et internationaux. Au Brésil, nous avons tenu des réunions bilatérales avec l'Association dentaire américaine (ADA), au cours desquelles nous avons notamment abordé l'initiative de marquage menée récemment par l'ADC (p. 271). L'ADA a indiqué qu'elle songe à entreprendre une initiative semblable.
L'ADC joue un rôle actif au sein de la FDI pour représenter les intérêts de la dentisterie canadienne sur la scène mondiale et pour s'informer des enjeux du secteur de la dentisterie dans le monde. L'avis et le point de vue du Canada au sein de la communauté dentaire internationale ont toujours été valorisés, ce qui ne devrait pas changer puisque au Brésil le Dr Jack Cottrell, de Port Perry (Ontario), a été élu au conseil de la FDI pour un mandat de 3 ans. L'expérience du Dr Cottrell à titre d'ancien président de l'ADC et de bénévole dans des pays en développement sera utile pour les prochains efforts d'élaboration de politiques et de planification de programmes de la FDI.
En tant que profession, nous devons nous rappeler de regarder au-delà de nos frontières et d'être sensibles aux inégalités en matière de santé buccodentaire dans le monde. L'ADC continuera à jouer un rôle important dans la recherche de solutions à ces problèmes et à aider la FDI à remplir sa mission, qui consiste à conduire le monde à une santé buccodentaire optimale.