Le mentorat : Essentiel à une culture collégiale

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Dr John O'Keefe

En mai, j'ai assisté aux funérailles du Dr Bruce Squires, ancien rédacteur en chef du Journal de l'Association médicale canadienne. Malgré la tristesse que m'a causée son décès, j'ai été réconforté par les affectueuses paroles prononcées en sa mémoire par ceux qui l'ont connu durant des années. Bon nombre considéraient le Dr Squires comme un grand enseignant, doté d'un merveilleux sens de l'humour, qui prenait plaisir à partager son savoir avec autrui. Je peux me faire l'écho de ces sentiments puisque moi aussi, j'ai pu tirer grandement profit de sa profondeur de vue et de sa générosité.

Le Dr Squires m'a donné de nombreux conseils utiles touchant le rôle d'un rédacteur en chef et m'a toujours offert des avis au sujet de tout problème que j'avais, surtout lors de mes premières années à la tête du JADC. Bref, le Dr Squires compte parmi l'un des mentors les plus influents de ma carrière. J'ai eu l'extrême chance d'avoir été formé par plusieurs collègues et amis qui se sont intéressés à moi et m'ont aidé à progresser dans ma vie professionnelle.

L'importance du mentorat dans la formation des jeunes dentistes est un thème qui est revenu sans cesse au cours d'un forum tenu par l'ADC intitulé : «Mettre le professionnalisme à l'ordre du jour». L'un des participants, le Dr Marcel Van Woensel, écrit dans cette édition du JADC, tout comme il l'a expliqué lors du forum, qu'un sens de la communauté est essentiel pour les dentistes et la profession en général. Parmi les autres initiatives visant à bâtir une communauté, il perçoit les programmes de mentorat comme des mécanismes efficaces pour empêcher que les nouveaux diplômés en médecine dentaire se sentent isolés.

Un autre participant du forum, le Dr Mark McCullough, a parlé avec éloquence de l'esprit de concurrence et des pressions auxquels sont soumis les nouveaux dentistes. Cet esprit de concurrence naît dès la demande d'inscription dans les facultés de médecine dentaire, ce qui suscite ensuite des pressions pour exceller et réussir. Après avoir accumulé beaucoup de dettes, les dentistes nouvellement diplômés doivent les acquitter et apprendre à être plus efficaces dans la pratique tout en prouvant au monde qu'ils sont des dentistes «réputés».

Ces présentations ont résonné fortement en moi et m'ont induit à réfléchir à mes propres expériences de jeune diplômé. J'ai toujours eu l'impression que le premier cabinet dans lequel un dentiste travaille peut exercer une influence considérable sur l'orientation de sa carrière. En revenant sur le passé, je suis reconnaissant que le dentiste propriétaire dans le premier cabinet où j'ai travaillé se soit réellement intéressé à mon perfectionnement et qu'il ait toujours été disponible pour me guider et m'appuyer au début de ma carrière clinique.

La dentisterie peut être une quête solitaire à moins de prendre des mesures, individuellement et collectivement, pour se rencontrer afin de s'entraider et se conseiller les uns les autres. Sur le plan historique, notre profession a été bâtie grâce à des institutions fortes qui ont favorisé une culture professionnelle pouvant passer auprès de certaines gens de l'extérieur pour être homogène et rigide. Le principal message que la profession adressait au public était que nos membres étaient compétents, bienveillants et dignes de confiance.

De plus en plus, la culture cohésive de notre profession connaît des problèmes. De nombreux cours de formation continue portent sur des sujets comme l'organisation des affaires et nous invitent à nous distinguer de nos confrères dentistes. Surtout dans les grands centres, il est tentant de voir les autres dentistes comme des concurrents au lieu de collègues. Par ailleurs, les technologies modernes de l'information et leurs réseaux sociaux remettent en question l'attrait des organismes officiels pour les jeunes dentistes.

Dans un environnement dynamique pareil, agir à titre de mentor et bâtir une communauté devient encore plus urgent pour nos organismes professionnels. Il existe un nombre de programmes de mentorat, mis sur pied grâce à des partenariats entre les associations dentaires provinciales et les écoles de médecine dentaire, qui peuvent servir de modèles ailleurs au Canada. À mon avis, toute forme de mentorat – des conseils donnés officieusement par des collègues ou des dentistes employeurs à des programmes officialisés, – peut favoriser une culture plus collégiale dans notre profession à l'avenir.

 

John O'Keefe
1-800-267-6354, poste 2297
jokeefe@cda-adc.ca