Connaissances et attitudes à l'égard de l'épilepsie : sondage auprès de dentistes à London (Ontario)

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L'épilepsie est une affection chronique qui se caractérise par un risque de récurrence de crises épileptiques. L'incidence de l'épilepsie dans les pays développés est en moyenne de 4 à 5 pour 1000 personnes. Bien que l'épilepsie soit due à un dysfonctionnement transitoire du cerveau, la crainte et l'ignorance à l'égard de cette maladie continuent d'alimenter la discrimination et des sentiments de honte.Objectif : Nous avons mené une enquête auprès des dentistes de London (Ontario) afin d'évaluer leurs connaissances et leurs attitudes au sujet de l'épilepsie et leur volonté à dispenser des soins buccodentaires aux personnes atteintes de cette maladie, car la manière dont les travailleurs de la santé perçoivent les personnes atteintes d'épilepsie a indubitablement une incidence sur leurs interactions professionnelles avec ces patients.Matériel et méthodologie : Nous avons envoyé un questionnaire aux 288 dentistes de London qui figuraient dans le répertoire des membres du Collège royal des chirurgiens dentistes de l'Ontario. Afin d'accroître le taux de réponse, le questionnaire a été envoyé à 3 occasions différentes. Les données ont été entrées en double dans une base de données Microsoft Access pour en assurer l'exactitude.Résultats : Sur les 288 dentistes, 8 avaient quitté London et 197 ont répondu au sondage (taux de réponse de 70,4 %); 75,6 % des 197 répondants étaient des dentistes généralistes. Cinquante-deux pour cent ont attribué l'épilepsie à une maladie mentale; tous savaient qu'une crise d'épilepsie peut se manifester par des convulsions ou des tremblements, mais 8,6 % ignoraient qu'une crise d'épilepsie peut aussi se manifester sans convulsions. Interrogés sur les mesures qu'ils prendraient si un patient avait une crise d'épilepsie dans leur cabinet, 18,3 % ont indiqué qu'ils mettraient quelque chose dans la bouche du patient et 2 % qu'ils essaieraient de le tenir solidement. Deux pour cent ne permettraient pas à leurs enfants d'avoir des liens avec des personnes épileptiques; 5,2 % s'opposeraient à ce qu'un proche parent épouse une personne épileptique, mais 97,9 % étaient d'avis que les personnes épileptiques pouvaient avoir des enfants. Trois dentistes (1,5 %) ont déclaré que la politique de leur cabinet ne les autorisait pas à traiter des patients épileptiques et 3 % croyaient que d'autres patients pourraient cesser de les consulter s'ils savaient qu'ils traitaient aussi des patients atteints d'épilepsie. Quatre-vingt-dix-huit pour cent ont déclaré que leur famille ne serait pas inquiète s'ils traitaient des patients épileptiques. Six pour cent des dentistes ne croyaient pas être en mesure de traiter sans danger un patient épileptique dans leur cabinet; 95,9 % estimaient avoir la responsabilité éthique de les traiter.Discussion : Les résultats de notre enquête portent à croire que les connaissances générales sur le traitement des personnes atteintes d'épilepsie laissent à désirer. En revanche, les attitudes à l'égard des personnes épileptiques sont dans l'ensemble positives. Quatre pour cent des dentistes ont affiché des attitudes négatives au sujet de l'emploi, qui pourraient être liées à des préoccupations sur le plan de la sécurité. Or, les attitudes négatives des fournisseurs de soins à l'égard de certains groupes de la population pourraient nuire à l'accès de ces populations aux soins. Comme les patients atteints d'épilepsie peuvent avoir certains besoins particuliers durant le traitement, le dentiste traitant devrait être renseigné sur la maladie et sur les mesures à prendre lorsqu'un patient a une crise d'épilepsie dans son cabinet. À cette fin, les écoles de médecine dentaire du pays devraient offrir davantage de programmes de formation continue pour mettre à jour les connaissances des dentistes sur la prise en charge des patients atteints de maladies qui n'empêchent pas la prestation normale de soins dentaires en cabinet.