Il est actuellement impossible de déterminer dans quelle mesure la dentisterie contribue au flux annuel de mercure d'origine anthropique, car il n'existe pas de données sur le poids des restaurations à l'amalgame. La présente étude avait pour but d'estimer ce poids et de définir des critères pour en faciliter l'estimation.Le poids des restaurations à l'amalgame retirées de 155 dents naturelles et de 359 répliques anatomiques a été déterminé à un niveau de précision de 0,01 g. Ces poids ont été estimés à l'aide de 4 modèles de régression distincts, utilisant 4 covariables selon diverses combinaisons. Le modèle I a servi à estimer le poids de 514 restaurations de dents naturelles et de répliques anatomiques, à partir des 3 covariables suivantes : nombre de surfaces restaurées (covariable A), type de dent (covariable B) et selon que la restauration a été extraite d'une dent naturelle ou d'une réplique anatomique (covariable C). Le modèle II a été appliqué à 359 restaurations de répliques anatomiques, dont le poids a été estimé à partir de 2 covariables (A et B), tandis que le modèle III, utilisant 3 covariables (covariables A et B et covariable D [selon que la dent naturelle a été extraite en 2002 ou au moins 15 ans plus tôt)], a été appliqué à 155 restaurations de dents naturelles. Enfin, le modèle IV correspond au modèle III duquel la covariable D a été supprimée.Le poids moyen (et l'écart-type [ET]) des restaurations à l'amalgame a été de 0,48 g (ET 0,42 g) pour l'ensemble des 514 dents, de 0,42 g (ET 39 g) pour les 359 répliques anatomiques, de 0,60 g (ET 0,46 g) pour les 104 dents naturelles extraites au moins 15 ans plus tôt et de 0,67 g (ET 0,43 g) pour les 51 dents naturelles d'extraction récente. Le poids moyen des restaurations sur dents naturelles a été similaire, que celles-ci aient été extraites récemment ou au moins 15 ans plus tôt, mais une différence importante a été observée avec celui des répliques anatomiques (test de Tukey, p ¡Ü 0,05). Par ailleurs, le poids moyen des restaurations a augmenté parallèlement au nombre de surfaces restaurées (analyse de la variance, p Les modèles III et IV ont permis d'expliquer 54 % de la variation du poids des restaurations, comparativement à 72 % et 84 % respectivement pour les modèles III et IV. Dans les 4 modèles, au moins 80 % de la variation a été attribuable à la covariable A (nombre de surfaces restaurées), tandis que la covariable D n'a eu aucun effet sur le poids des restaurations à l'amalgame. Selon les résultats de la régression par les moindres carrés avec le modèle I, le poids moyen des restaurations avec 1, 2, 3 et 4 surfaces restaurées ou plus (et IC à 95 %), corrigé en fonction des effets des covariables B et C, a été respectivement de 0,31 g (0,280,34 g), 0,49 g (0,450,53 g), 0,81 g (0,760,86 g) et 1,38 g (1,311,45 g). Le poids des restaurations pratiquées sur des prémolaires, des molaires supérieures et des molaires inférieures a été estimé respectivement à 0,67 g (0,620,71 g), 0,68 g (0,640,72 g) et 0,90 g (0,860,93 g) selon le modèle I.Enfin, le poids des restaurations sur les dents naturelles et les répliques, là encore estimé par le modèle I, a été respectivement de 0,86 g (0,820,90 g) et 0,64 g (0,61 0,66 g). La covariable A est celle qui a fourni les meilleures estimations du poids des restaurations à l'amalgame. Cette étude présente des données qui devraient aider à obtenir des estimations fiables du flux de mercure généré par l'exercice de la médecine dentaire.