On parle de formation interprofessionnelle en santé (FIS) quand 2 professions ou plus peuvent apprendre côte à côte et l’une de l’autre, leur objectif général étant d’améliorer la collaboration et la qualité des soins offerts aux patients.
À l’Université Dalhousie, près de 4000 étudiants sont inscrits dans les facultés de médecine dentaire, de médecine et des professions de la santé. Initier un tel groupe d’étudiants aussi nombreux et diversifiés à l’interprofessionnalisme tout en offrant une expérience pratique dans la prestation en équipe de soins axés sur le patient constitue un véritable défi. L’un des plus grands obstacles est de tenter d’intégrer le programme de FIS dans la charge de cours compressée des étudiants, surtout quand ils sont personnellement inscrits à des programmes de longueurs variées.
La Dre Cynthia Andrews est présidente du Comité directeur de la FIS à l’Université Dalhousie. Comptant des représentants des facultés de médecine dentaire, des professions de la santé, de médecine, de science et de science informatique ainsi que des membres étudiants, ce comité est chargé d’indiquer la direction à prendre et de faire des recommandations en vue d’intégrer l’éducation interprofessionnelle et d’amener un changement de culture dans les programmes d’études touchant les professions de la santé à l’université.
La Dre Andrews sait que les dentistes et les hygiénistes dentaires peuvent jouer un rôle clé en tant que membres d’une équipe de fournisseurs de soins intégrés, surtout quand on pense au nombre de patients qui présentent des pathologies primaires dans la région de la tête et du cou. «Dans le passé, les dentistes ne faisaient peut-être pas partie de l’équipe des soins de santé traditionnelle. Cependant, il y a de nombreux cas où une expérience en soins buccodentaires est cruciale pour le diagnostic, le traitement et la réadaptation», affirme la Dre Andrews. «C’est alors que les dentistes peuvent et devraient apporter leur contribution.»
Selon elle, les personnes atteintes d’un cancer de la bouche ou du diabète, celles qui ont besoin de soins palliatifs, les aînés et d’autres populations mal desservies peuvent tous bénéficier de l’intégration de la médecine dentaire dans la prestation des soins en équipe.
L’idée de créer un programme de FIS à l’Université Dalhousie est apparue dans les années 1980. Depuis 10 ans, le Comité consultatif universitaire sur l’éducation interprofessionnelle s’assure que presque tous les étudiants des 3 facultés de la santé consacrent au moins 10 heures de leurs programmes d’études en FIS. L’enseignement qu’ils reçoivent alors comprend l’étude de scénarios, des débats et des jeux de rôle avec des confrères étudiants appelés à faire partie d’une équipe interprofessionnelle. À tout cela s’ajoutent des présentations par des groupes d’experts.
L’un des objectifs du programme de FIS est d’augmenter le nombre d’expériences réelles en pratique clinique interprofessionnelle qu’il peut offrir à tout étudiant. «On doit pouvoir passer d’un scénario d’éducation interprofessionnelle théorique à une application clinique réelle de pratique par une équipe dont les soins sont axés sur le patient et ce, sur une grande échelle», ajoute la Dre Andrews.
À l’Université Dalhousie, on a lancé une campagne en vue de constituer un capital pour la construction d’un immeuble consacré à la FIS. Il s’agirait d’un lieu aménagé exprès où les étudiants peuvent s’instruire en classe, pratiquer en équipes sur des cas simulés ou réels et, ce qui est plus important encore, interagir socialement les uns avec les autres.
Mme Gillan est rédactrice pigiste et chercheuse à Halifax.