En réaction au Mot du président : Élaborer une stratégie nationale visant la santé buccodentaire

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Le président de l’ADC, le Dr Peter Doig, soulève à nouveau un débat1 des plus importants et qui perdure depuis plusieurs décennies au sein de notre profession : l’accessibilité aux soins dentaires. En réponse à la réplique du Dr Don Mulcahy, le Dr Doig souligne qu’une « stratégie nationale fournira un plan détaillé pour la prestation de soins buccodentaires » et ajoute que « notre profession à elle seule ne peut pallier toutes les lacunes au niveau des soins buccodentaires de la société ».

Mais pourquoi pas? Avant de jeter l’éponge, notre profession ne devrait-elle pas procéder à un examen introspectif rigoureux concernant ses procédures cliniques? J’invite les lecteurs à consulter mon éditorial2 portant sur le document Vision 2020 de la Fédération dentaire internationale (FDI). J’y indique que les normes de la médecine dentaire doit rejoindre celles de la pratique médicale par le biais de la recherche basée sur la pratique. Voilà déjà une avenue tangible à mettre de l’avant dans le but de rehausser notre crédibilité. Et que cette recherche menée en pratique, sous la revue de pairs, reçoive des crédits d’impôt!

Avant d’exiger des fonds publics pour financer l’accès de la population aux soins dentaires, assurons-nous que nos traitements respectent les normes de la pratique fondée sur les faits. Or, c’est actuellement le cas pour moins de 10 % de nos procédures dentaires. Il faut mettre à contribution ces vastes quantités de données cliniques qui dorment dans nos cabinets, tout comme le font les Scandinaves ou nos collègues du sud depuis longtemps.

D’autre part, la médecine dentaire est l’une des seules professions à ne pas exiger un stage professionnel postuniversitaire, régi par la profession-même. Un tel stage pourrait, entre autres, initier le futur praticien aux bienfaits de la recherche en pratique, avec la mise en commun de nos connaissances et procédures au quotidien.

Aussi, des démarches permettant l’adhésion de l’Association des chirurgiens dentistes du Québec (ACDQ) à l’ADC doivent être entreprises, sinon la médecine dentaire au Canada demeurera toujours fragmentée, et par conséquent affaiblie, aux yeux des gouvernements concernés.

Depuis mes jours de représentant étudiant de l’Université de Montréal il y a plus de 40 ans, et en tant que membre de l’ADC aujourd’hui, je souhaite vivement que notre association nationale exerce un plus grand leadership en matière de recherche basée sur la pratique, pour que, collectivement, nous arrivions à rehausser la crédibilité de notre profession.

Dr Hubert Gaucher
Président/fondateur
Institut canadien de recherche dentaire (ICRD)

Référence

  1. Doig P. Élaborer une stratégie nationale visant la santé buccodentaire. J can Dent Assoc 2013;79:d85_f
  2. Gaucher H. Il faut se parler. Dental Teamwork 2013;6(2):6-7